Afrique/Histoire/

De Wikivoyage
Les pyramides de Gizeh: les plus célèbres vestiges des pharaons et l'une des Sept Merveilles du monde.

L'Homme moderne, Homo sapiens, serait originaire d'Afrique de l'Est, quelque part entre l'Éthiopie et le Kenya. Malgré la longue présence des hommes en Afrique, son histoire avant le second millénaire apr. J.-C. (avant 1000 apr. J.-C.) est très pauvre ou très peu connue, en dehors de l'Afrique du Nord, du Soudan et de l'Éthiopie, la plupart des cultures étant de type « chasseurs-cueilleurs » (comme certaines cultures encore présentes sur le continent), sans système d'écriture, ni construction durable, art ou artisanat (mis à part quelques peintures rupestres). D'un autre côté, l'Afrique du Nord a une histoire connue vieille de plusieurs millénaires, comportant d'abondantes constructions, des écrits, de l'art et de l'artisanat ayant traversé les âges. L'ancienne civilisation des pharaons, dont le cœur se trouvait en actuelle Égypte, est reconnue comme la plus durable et l'une des (si ce n'est LA) plus grande civilisation antique. Elle a duré d'environ 3300 av. J.-C. jusqu'à l'invasion Perse en 343 av. J.-C. De nos jours, cette civilisation survit dans ses cités antiques, dont beaucoup sont bien préservées, et dans ses artéfacts conservés dans quelques musées devenus très touristiques. Les juifs actuels pensent descendre d'esclaves de l'Égypte Antique, et la Bible hébraïque (des textes religieux repris à la fois par les juifs et les chrétiens) évoque cette région et y a été probablement écrite. Les autres grandes civilisations antiques du continent furent : les Nubiens, au nord du Soudan et au sud de l'Égypte, très proches des égyptiens antiques et dont la capitale était la cité de Méroé au Soudan ; le Royaume d'Aksoum, allant du IVe siècle av. J.-C. au VIIe siècle apr. J.-C., et se situant dans l'actuelle Éthiopie et l'est du Soudan, était une place commerciale importante entre l'Inde et l'Empire romain et un centre important du Christianisme ancien.

Théâtre romain à Leptis Magna en Libye

Entre temps, aux environs des années 300 av. J.-C., le continent a connu ses premières (et les moins célèbres) invasions européennes. En 322 av. J.-C., Alexandre le Grand a envahi l'Égypte occupée alors par les perses, établissant la célèbre cité d'Alexandrie qui allait devenir un important centre d'érudition et de culture grecque, pour de nombreux siècles. Entre-temps encore, les romains ont conquis l'ouest du littoral méditerranéen, laissant derrières eux des ruines telles celles de Carthage et Leptis Magna. Au Ier siècle apr. J.-C., le christianisme s'est diffusé dans de nombreuses régions, en commençant par l'Égypte, puis la Nubie, l'Éthiopie, enfin dans tout l'Empire romain.

L'invasion musulmane et le début de la Traite Arabe au VIIe siècle apr. J.-C. ont changé le paysage culturel de l'Afrique du Nord et d'une grande partie de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Le califat arabe nouvellement formé a envahi l'Afrique du Nord et la Corne africaine en quelques décennies. À l'ouest, les berbères s'uniraient alors aux envahisseurs arabes, devenant le peuple Maure qui envahirait plus tard la péninsule Ibérique. Lorsque Damas a été envahi au début du VIIIe siècle, le centre religieux et politique de l'Islam en Méditerranée s'est déplacé à Kairouan en Tunisie. Leur progression a été uniquement freinée par les forêts denses de l'Afrique de l'Ouest et du Centre et les zones côtières de l'Est. La dernière région à tomber sous influence musulmane est la Nubie (le nord du Soudan actuel) au XIVe siècle.

Du VIIe au IXe siècle, l'histoire de l'Afrique subsaharienne se sera construite considérablement. À l'ouest, il y eut une augmentation de grands et puissants royaumes, tels ceux du Ghana (au Mali et en Mauritanie ; pas de relation avec l'actuel Ghana), du Dahomey (qui dura jusqu'à l'invasion française en 1894 ; actuel Bénin), de Za / Gao (aux Mali et Niger), de Kanem (au Tchad), et de Bornou (au Nigeria). Comme beaucoup de ces royaumes se sont convertis à l'Islam, le commerce trans-saharien a augmenté, tels le sel et l'or qui étaient transportés en Libye et en Égypte par de grandes caravannes — un commerce rendu possible par l'introduction de chameaux depuis l'Arabie au Xe siècle, et soutenant une grande partie de la région, du nord du Nigeria à l'ouest du Mali et de la Mauritanie, jusqu'au XIXe siècle. Du XIIIe au XVIe siècle, beaucoup de ces premiers royaumes ont été remplacés par des empires, au premier rang desquels celui du Mali (aux Mali, Guinée et Sénégal) et plus tard celui du Songhaï (aux Mali, Burkina Faso et Niger), ainsi qu'une pléthore d'autres plus petits, des royaumes d'une seule tribu et des cités-états. Beaucoup de destinations touristiques populaires au Mali, parmi lesquelles Tombouctou, Djenné et Gao, ont pris de l'importance durant cette période, jusqu'à devenir d'importants centres de commerce et d'érudition de l'Islam. Les tribus Haoussa, au nord du Nigeria, ont commencé à s'organiser en cités-états fortifiées, dont des vestiges demeurent à Kano. L'ouest africain littoral et forestier est demeuré largement désorganisé, exceptées quelques cités-états Yoruba (Ife et Oyo) le long des petits empires Dahomey et Igbo (dans les actuels Bénin et Nigeria).

Entre-temps, la côte de l'Afrique de l'Est a connu une augmentation de l'influence islamique et une prospérité venant du commerce de l'océan Indien — des navires qui venaient d'Arabie, de Perse, d'Inde et même d'Asie du Sud-Est, jetaient l'ancre dans les principaux ports, de Somalie jusqu'au Mozambique, échangeant des épices contre des esclaves et de l'ivoire. Entre le VIIe et le XIXe siècle, la Traite Arabe a déporté de 12 à 18 millions de personnes hors de cette région (probablement plus que la Traite négrière Atlantique). Aujourd'hui, cette influence subsiste dans la culture et la gastronomie de nombreux endroits, plus particulièrement dans les îles de l'océan Indien telles Zanzibar, les Comores ainsi que, dans une moindre mesure, les Seychelles et Maurice.

Ruines du Grand Zimbabwe

Le sud de l'Afrique est resté sous-développé, avec principalement des chasseurs-cueilleurs nomades tels le peuple San et quelques petits royaumes. Le Royaume du Zimbabwe a été l'un des plus notables — il a bâti, dans sa capitale de Grand Zimbabwe, la plus grande structure de pierre de l'ère pré-coloniale en Afrique subsaharienne. Le Royaume de Mapungubwe, dans l'actuelle Afrique du Sud, a également laissé des ruines de pierre (plus petites). Tous deux ont profité du commerce de l'or et de l'ivoire avec les marchands arabes et asiatiques.

Bien que quelques explorateurs génois, castillans et français sont parvenus à atteindre des parties de l'Afrique de l'Ouest au Moyen Âge, l’exploration européenne du continent a véritablement commencé lorsque le prince Henri le Navigateur entreprit d'acquérir, pour le Portugal, le territoire Africain au milieu du XVe siècle. Le Portugal a atteint le Cap-Vert en 1445 et, en 1480, avait commencé à commercer avec l'ensemble des côtes guinéennes (de l'actuelle Guinée-Bissau à l'actuel Nigeria). En 1482, Diogo Cão a atteint l'embouchure de la rivière Congo, en 1488 Bartolomeu Dias a passé le cap de Bonne-Espérance (extrémité sud de l'Afrique), et en 1498 Vasco de Gama a remonté la côte est, établi un comptoir commercial à Malindi au Kenya, puis trouvé un guide pour les emmener en Inde. Le Portugal a établi de nombreux forts le long de la côte africaine et y a mis en place un commerce très rentable, en ayant (dans ces temps premiers) de bonnes relations avec les populations locales. Il est resté la puissance européenne dominante dans la région, jusqu'au XVIIe siècle, tandis que l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne commençait tout juste l'exploration des Amériques.

Fort de Cape Coast au Ghana

Le commerce lucratif exercé par les portugais, ainsi que les grandes quantités d'or obtenues, ont attiré les autres nations vers le continent. Parallèlement, comme le besoin en travailleurs dans les Amériques a augmenté, les marins portugais ont commencé à y transporter des cargaisons d'esclaves, démarrant ainsi la Traite négrière Atlantique. Au début du XVIIe siècle, les hollandais ont combattu les portugais et pris le contrôle de la plupart de leurs ports d'Afrique de l'Ouest et Centrale — dont certains (comme Luanda) ont été repris plus tard —, y établissant une vingtaine de forts, notamment sur l'Île de Gorée à Dakar et au cap de Bonne-Espérance — un port qu'ils espéraient utiliser pour les routes commerciales d'Asie de l'Est et qui est aujourd'hui la ville du Cap. En 1642, les français ont construit leur premier fort à Madagascar (dont ils réclament la souveraineté en 1667) et, en 1663, les britanniques ont construit le leur en Gambie. Les marchants suédois ont agrandi le fort de Cape Coast, et les danois celui de Accra, tous deux dans l'actuel Ghana.

Au XIXe siècle, jusque-là concentrés à établir des ports le long des côtes pour le commerce, les européens se sont mis à se combattre pour coloniser le continent et explorer ses terres. Avec l'abolition de l'esclavage par les britanniques et leurs efforts importants pour le contrecarrer partout dans le monde, l'Europe a commencé à chercher d'autres sources de richesse sur le continent. La colonie européenne la plus aboutie — la colonie hollandaise du Cap — a été prise par les britanniques en 1795. La France napoléonienne a conquis l'Égypte en 1798 (y découvrant notamment la pierre de Rosette), pour en être chassée par les britanniques, puis par les turques. La France a envahi une bonne partie de l'Afrique occidentale côtière et des états de Barbarie en Algérie, mettant fin à la piraterie endémique de ces derniers. Les récits d'aventuriers intrépides voyageant dans les terres pour trouver des endroits tels que le mont Kilimandjaro ou la légendaire « mer intérieure » (les Grands Lacs) ont suscité une vague d'exploration au milieu de ce XIXe siècle, essentiellement par des missionnaires catholiques et jésuites, dans les régions du sud et de l'est africain, ainsi que dans celle des Grands Lacs. Au premier rang de ces explorateurs, il y eut le héros national britannique David Livingstone qui, en pauvre missionnaire avec quelques porteurs, a exploré une grande partie de l'Afrique australe et orientale, descendu le fleuve Congo depuis sa source, et recherché la source du Nil. En Afrique occidentale et centrale, les explorateurs français, belges et espagnols se sont aventurés dans le Sahara pour trouver les légendaires villes de Tombouctou et mines d'or maliennes. Au Congo, ils ont cherché les pygmées et les grands hommes poilus des légendes grecques (les gorilles).

Répartition des colonies africaines, 1914

À mesure que les récits de l'intérieur africain sont arrivés en Europe, les nations et les marchands se sont mis à voir le continent comme une source majeure de commerce et de richesses, à la manière de leurs exploits asiatiques, tandis que les philanthropes et les missionnaires y ont vu une excellente occasion de « civiliser » et « christianiser » les peuples autochtones. Avec l'apparition du darwinisme social (doctrine politique évolutionniste apparue au XIXe siècle), beaucoup de pays ont vu en l'Afrique une excellente opportunité d'établir des empires coloniaux, ainsi que d'établir leur prééminence parmi les autres nations européennes. En particulier, l'Allemagne était désireuse de rattraper les autres nations d'Europe, dont la France, et de regagner son prestige perdu en Amérique du Nord et sous Napoléon. La Grande-Bretagne et le Portugal se sont joints à ce partage de l'Afrique lorsqu'ils ont vu leurs intérêts menacés. En 1885, la conférence de Berlin a mis d'accord les puissances coloniales européennes sur le partage du continent. Les territoires coloniaux ainsi créés avaient des frontières arbitraires, parfois parfaitement rectilignes, ne prenant aucunement en compte les royaumes et les peuplements africains. À la suite de cette conférence, l'Italie s'est posé en « protecteur » de l'Éthiopie. En 1898, l'Italie a mené une guerre totale pour coloniser ce pays, mais ses armées ont été défaites à la bataille de Adwa. Cette victoire de l'Éthiopie, menant à son indépendance, a été la première victoire des africains sur les envahisseurs européens.

À l'aube du XXe siècle, la Grande-Bretagne s'est lancée dans une série de guerres meurtrières contre les territoires des Boers (descendants blancs des hollandais) et des africains entourant leur colonie du Cap dans l'actuelle Afrique du Sud, apportant la renommée à Cecil Rhodes pour sa vision de conquérir et d'unifier l'Afrique du Caire au Cap. Durant la première guerre mondiale, les britanniques ont perdu une bataille en Afrique orientale (en Tanzanie) contre les allemands. Cependant, après la guerre et la défaite de l'Allemagne, ses possessions africaines ont été divisées entre la France, la Belgique et la Grande-Bretagne. En 1930, l'union sud-africaine a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne. Durant la seconde guerre mondiale, l'Italie a envahi l'Éthiopie durant trois ans, et de nombreux combats ont eu lieu en Afrique du Nord d'où les Nazis ont finalement été chassés par les Alliés. Il y eut d'importants changements sociaux découlant de cette guerre, dans laquelle des dizaines de milliers d'africains ont combattu dans les rangs de leurs puissances coloniales. De plus, la Charte atlantique a conduit à la propagation des mouvements nationalistes d'après-guerre.

Dates des indépendances en Afrique.

La décolonisation de l'Afrique a commencé par l'indépendance de la Libye (de l'Italie) en 1951. Les puissances coloniales ont employé divers moyens de contrôle sur leurs colonies, certains concédant une représentation des indigènes dans leur gouvernement et encourageant une sélection de quelques fonctionnaires indigènes, tandis que d'autres ont maintenu obstinément le cap du « tout européen ». Dans quelques pays, les mouvements nationalistes ont été réprimés et leurs leaders tués ou emprisonnés, tandis que dans d'autres, le processus d'indépendance s'est achevé dans la paix. Dans les années 1950, la Guinée, le Ghana et les nations d'Afrique du Nord ont acquis leur indépendance sans violence, à l'exception de l'Algérie où la France a violemment combattu les mouvements indépendantistes jusqu'en 1963. En 1958, avec l'établissement de la Ve république française et de sa nouvelle constitution, l'Afrique Occidentale française (AOF) et l'Afrique Équatoriale française (AEF) ont cessé d'exister et, après leur bref rattachement à la Communauté française, les pays de ces deux régions ont gagné leur indépendance en 1960. Dès 1970, toutes les nations africaines — sauf une poignée — étaient indépendantes. Jusqu'en 1975, le Portugal s'est battu avec acharnement pour maintenir ses possessions africaines ; celles-ci, sauf une, ont obtenu leur indépendance par la guerre. En 1980, le Zimbabwe a été la dernière colonie majeure à gagner son indépendance. En 1990, la Namibie, qui était semi-autonome, a gagné son indépendance de l'Afrique du Sud et en 1993, l’Érythrée s'est séparée de l'Éthiopie à la suite d'une longue guerre. Jusqu'en 1994, l'Afrique du Sud est restée sous la férule de sa minorité blanche, qui opprimait sa population noire à l'aide de sa politique de développement séparé, appelée apartheid. En 2011, le Soudan du Sud a fait sécession du Soudan par référendum. Le Maroc maintient toujours le contrôle sur le Sahara occidental, malgré l'établissement d'un mouvement d'indépendance ; ce point demeure un contentieux entre le Maroc et l'Algérie.

Les puissances coloniales européennes ont divisé l'Afrique en ne tenant aucunement compte de ses cultures et groupes ethniques, séparant souvent un peuple entre deux pays, voire plus, et en forçant la cohabitation de peuples ayant une histoire conflictuelle ou des religions différentes. En outre, un manque de formation dans la fonction publique, avant et même après leur indépendance, a laissé de nombreux pays aux gouvernements dysfonctionnels et aux leaders ayant tendance à récompenser leur propre groupe ethnique (en emplois et argent) et souvent à supprimer les minorités ethniques. Ceci a été une cause de nombreux conflits post-indépendances à travers l'Afrique subsaharienne et a conduit à des douzaines de guerres civiles prolongées (notamment au Soudan, en Angola, en Éthiopie/Érythrée et au Nigeria), à d'innombrables coups d'état, et à un nombre incalculable de dirigeants ineptes et corrompus. La découverte de ressources naturelles précieuses, telles que le pétrole, l'uranium, les diamants et le coltan, a engendré de nombreux mouvements d'indépendances critiquant la ponction des richesses de leurs terres au profit de tout le pays (en particulier le Cabinda en Angola, petite région riche en pétrole). Heureusement, il y a de nombreux exemples en Afrique où les conflits du passé ont fait place à des gouvernements efficaces, offrant quelque espoir à une future Afrique autonome.