Apparence
Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en Croatie.
Comprendre
Le pays compte quinze pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO.
Une pratique est reprise dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture » et une pratique sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».
Listes
Liste représentative
Pratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
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1 Le chant et la musique à deux voix dans la gamme istrienne | 2009 | arts du spectacle | Sur la péninsule d’Istrie, dans l’ouest de la Croatie, les communautés croates, istro-roumaines et italiennes continuent de faire vivre des formes variées de chant et musique à deux voix dans la gamme istrienne. Puissance et tonalité légèrement nasale en sont les caractéristiques. Les deux voix comportent des variations et des improvisations, mais culminent toujours à l’unisson ou à une octave d’écart pour la mélodie finale. Les instruments de musique typiquement utilisés sont les chalumeaux, sopele, utilisés en duo, des cornemuses, des flûtes et le luth, tambura. Plusieurs variantes locales ont été créées, selon des modalités propres. Dans le kanat, par exemple, interprété en majorité par la population croate, la deuxième voix est souvent remplacée ou doublée par un petit sopele ; dans une autre variante très répandue, appelée tarankanje, les mots sont parfois remplacés par des syllabes caractéristiques (ta-na-na, ta-ra-ran, etc.) destinées à imiter le son de la flûte. Cette tradition demeure très présente aujourd’hui, dans la vie quotidienne et lors des fêtes, notamment les noces, les réunions communautaires et familiales et les cérémonies religieuses. Ses dépositaires, qui représentent une centaine de chanteurs et de musiciens hors pair et une dizaine d’artisans, ont reçu leur savoir théorique et pratique de leurs aînés. De nos jours, ils sont souvent associés à des groupes folkloriques amateurs de toute la région. |
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2 La fête de saint Blaise, saint patron de Dubrovnik | 2009 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs arts du spectacle connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
Le soir qui précède la fête de saint Blaise, à Dubrovnik, alors que les cloches des églises sonnent à toute volée dans l’enceinte de la ville et qu’un lâcher de colombes blanches, emblèmes de la paix, envahit le ciel, les fidèles se rassemblent pour le rituel de la guérison de la gorge qui les préservera de la maladie. Le 3 février, jour officiel de la fête du saint et de la ville, les porte-drapeaux des paroisses vêtus de costumes folkloriques entrent dans la ville et rejoignent la place centrale pour le moment culminant du festival, une procession à laquelle participent des évêques, des ambassadeurs, des représentants des autorités civiles, des notables invités et les habitants de Dubrovnik. La fête incarne la créativité humaine sous de multiples aspects, depuis les rituels jusqu’aux chants folkloriques en passant par les arts de la scène et l’artisanat traditionnel (en particulier la fabrication, selon des techniques anciennes, des armes à feu utilisées pour tirer les coups de feu durant les festivités). Le rituel, qui remonte aux alentours de l’an 1190, a renforcé l’identification des habitants de la ville de Dubrovnik avec son patron, saint Blaise. Au fil du temps, Dubrovnik et le monde ont changé et la fête a, elle aussi, évolué. Suivant l’inspiration de ses idées et selon ses besoins, chaque génération adapte le rituel en y apportant quelques changements de son cru. Le jour de la saint Blaise, Dubrovnik réunit non seulement ses habitants, mais aussi tous ceux qui honorent la tradition et le droit de chacun à la liberté et à la paix. |
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3 La fabrication traditionnelle de jouets en bois pour enfants à Hrvatsko Zagorje | 2009 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | Les résidents des villages qui jalonnent la route du pèlerinage menant au sanctuaire de la Vierge dédié à Notre-Dame-des Neiges, Marija Bistrica, à Hrvatsko Zagorje, dans le nord de la Croatie, ont mis au point une technique pour la fabrication traditionnelle de jouets en bois pour enfants qui est transmise de génération en génération. Les hommes de la famille s’occupent de récolter localement le bois nécessaire (saule souple, tilleul, hêtre et érable), puis de le faire sécher, de le tailler, de le découper et de le sculpter en utilisant des outils traditionnels ; les femmes appliquent ensuite une peinture respectueuse de l’environnement, pour dessiner des formes florales ou géométriques en laissant libre cours à leur imagination. Les sifflets, chevaux, voitures, meubles de poupée, danseurs tournoyants, chevaux d’obstacles et mobiles d’oiseaux réalisés aujourd’hui sont très similaires à ceux qui étaient construits il y a plus d’un siècle, même s’il n’y a jamais deux jouets parfaitement identiques du fait qu’ils sont fabriqués à la main. Très prisés des autochtones et des touristes, ces jouets sont vendus lors des fêtes paroissiales, sur les marchés et dans des boutiques spécialisées dans le monde entier. Ils ont évolué avec le temps. Aux jouets de forme traditionnelle, comme les chevaux et les carrioles, se sont ajoutés de nouveaux, représentant des voitures, des camions, des avions et des trains, reflets de l’environnement dans lequel vivent les enfants d’aujourd’hui. Les instruments de musique pour enfants, accordés avec soin par leurs fabricants artisanaux, continuent d’être utilisés pour l’éducation musicale des enfants dans les régions rurales. |
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4 La procession de printemps des Ljelje/Kraljice (ou reines) de Gorjani | 2009 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * arts du spectacle |
La procession des reines, qui se tient chaque printemps, est composée de jeunes filles du village de Gorjani, dans la région de Slavonie, dans le nord-est de la Croatie. Dix jeunes filles, portant des sabres et des chapeaux d’hommes, interprètent les kraljevi (rois), tandis que cinq autres jeunes filles, la tête couronnée de guirlandes blanches, telles de jeunes mariées, incarnent les reines kraljice. Le jour de la Pentecôte (fête chrétienne), le cortège se rend de maison en maison pour présenter leurs chants et danses devant les familles. Pendant que les rois exécutent leur danse du sabre, les reines commentent chaque figure en les accompagnant de leur chant. Vient ensuite une grande danse folklorique à laquelle les familles sont invitées à se mêler. Des rafraîchissements sont offerts aux jeunes filles du cortège avant qu’elles ne se remettent en route vers une autre maison. Le lendemain, le cortège se rend dans une ville ou un village voisin, puis rentre pour achever les réjouissances chez l’une des jeunes filles. Toute la communauté, y compris l’école élémentaire, l’église et de nombreuses familles du village, contribue aux préparatifs de cette procession et les femmes qui y ont participé en tirent une grande fierté. Bien que l’on ne connaisse pas avec exactitude la signification et l’origine de ce rituel, il représente, pour les habitants de Gorjani, un symbole de leur village et offre l’occasion de mettre en avant la beauté et l’élégance de ses enfants. |
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5 La procession Za Krizen (« chemin de croix ») sur l’île de Hvar | 2009 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * arts du spectacle * traditions et expressions orales |
Après la messe du jeudi saint, qui précède la fête chrétienne de Pâques, chacun des six villages de l’île dalmate de Hvar, dans le sud de la Croatie, désigne un groupe de personnes qu’il charge de se rendre dans les cinq autres villages, selon un parcours de vingt-cinq kilomètres en huit heures, avant de revenir dans leur village d’origine. En tête de chaque groupe de cette procession Za Krizen (« chemin de croix ») organisée par les communautés, le porteur de la croix, nu-pieds ou en chaussettes, marche sans jamais se reposer. Autrefois membre de l’une des congrégations religieuses, il est aujourd’hui choisi parmi une liste de candidats inscrits parfois vingt ans à l’avance ; sa fonction, très convoitée et respectée, reflète sa piété et celle de sa famille. Il est suivi par deux amis portant des candélabres et par d’autres personnes tenant des bougies et des lanternes, par cinq choristes qui chantent les Lamentations de la Vierge Marie à différentes étapes du parcours et par de nombreux fidèles de tous âges, croates ou étrangers, vêtus des aubes de diverses congrégations religieuses. La procession est accueillie par le prêtre de chacun des cinq autres villages, puis elle retourne dans son village ; le porteur de la croix accomplit les cent derniers mètres du parcours en courant pour recevoir la bénédiction du prêtre de son village. Élément pérenne et inaliénable de l’identité religieuse et culturelle de Hvar, cette procession constitue un lien unique entre les communautés de l’île et avec la communauté catholique dans le monde. |
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6 | 2009 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * traditions et expressions orales |
Pendant le carnaval de janvier, des sonneurs de cloches défilent dans les villages qui émaillent la région de Kastav, dans le nord-ouest de la Croatie. Vêtus de peaux de mouton et de grands chapeaux spéciaux ornés de petites branches d’arbres à feuillage persistant, une ceinture de cloches autour de la taille, ils déambulent par groupes de deux à plus de trente en se pavanant derrière un guide qui porte un petit arbre à feuillage persistant. Pour animer leur déambulation, ils se donnent les uns aux autres des coups de hanche en rythme et bondissent tout en marchant. Les groupes peuvent aussi inclure des personnages de théâtre, tels qu’un « ours » farceur qui échappe régulièrement au contrôle de ses deux « gardiens ». Quand ils arrivent dans un village, les sonneurs de cloches forment des cercles concentriques sur la place du village, faisant sonner leurs cloches jusqu’à ce que les habitants leur offrent de la nourriture et la possibilité de se reposer, avant de poursuivre leur périple. À la fin du carnaval, ils reviennent dans leur village, ramassant les ordures dans chaque maison pour les brûler, toutes les personnes présentes assistant à la cérémonie. Le spectacle de sonneurs de cloches du carnaval annuel, qui possède diverses variantes propres à chaque village, permet de renforcer les liens au sein de la communauté et constitue un excellent moyen de renouveler l’amitié entre les villes de la région, tout en intégrant les nouveaux venus dans la culture traditionnelle. |
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La dentellerie en Croatie | 2009 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | Au moins trois traditions distinctes de dentellerie sont encore vivantes en Croatie, principalement dans les villes de Pag sur la côte adriatique, de Lepoglava dans le nord du pays et de Hvar sur l’île dalmate éponyme. La dentelle à l’aiguille de Pag était à l’origine destinée aux vêtements ecclésiastiques, aux nappes et aux ornements de vêtements. Elle consiste à décorer de motifs géométriques un fond en forme de toile d’araignée. Elle est transmise aujourd’hui par les femmes âgées de la communauté qui proposent des stages d’une année. La dentelle au fuseau de Lepoglava est réalisée en tressant un fil enroulé sur des fuseaux ; elle est souvent utilisée pour faire des rubans pour les costumes traditionnels ou vendue aux fêtes de village. Un festival international de la dentelle célèbre cet art tous les ans. La dentelle en fil d’aloès est réalisée en Croatie uniquement par les sœurs bénédictines de la ville de Hvar. Les minces fils blancs sont fabriqués à partir de feuilles fraîches d’aloès et tissés en filet ou autre motif sur carton. Les pièces ainsi produites sont un symbole de Hvar. Chaque variété de dentelle a été longtemps produite par des femmes de la campagne comme source de revenus complémentaires et a laissé une marque permanente sur la culture de la région. Cet artisanat, qui produit une composante importante des vêtements traditionnels, est en soi le témoignage d’une tradition culturelle vivante. |
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L’art du pain d’épices en Croatie du Nord | 2010 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | La tradition de la fabrication du pain d’épices est apparue au Moyen Âge dans certains monastères européens et a gagné la Croatie où elle est devenue un art. Les pain-d’épiciers qui faisaient aussi du miel et des bougies, travaillaient dans le Nord de la Croatie. Le procédé de fabrication du pain d’épices requiert habileté et rapidité. La recette est la même pour tous les fabricants qui mettent de la farine, du sucre, de l’eau et du bicarbonate de soude ainsi que les épices obligatoires. Le pain d’épices est façonné dans des moules, cuit, séché et peint à l’aide de colorants alimentaires. Chaque artisan décore le pain d’épices à sa façon, en y appliquant souvent des images, de petits miroirs et des vers ou des messages. Le pain d’épices en forme de cœur est le motif le plus courant et il est fréquemment préparé pour des mariages, décoré avec le nom des nouveaux mariés et la date du mariage. Chaque pain-d’épicier travaille dans un certain domaine sans interférer avec celui d’un autre artisan. L’art se transmet d’une génération à l’autre depuis des siècles, initialement aux hommes, mais maintenant aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Le pain d’épices est devenu l’un des symboles les plus reconnaissables de l’identité croate. De nos jours, les pain-d’épiciers sont les participants les plus importants aux festivités, événements et rassemblements locaux, procurant à la population locale un sentiment d’identité et de continuité. |
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7 Le Sinjska Alka, un tournoi de chevalerie à Sinj | 2010 | * pratiques sociales, rituels et événements festifs * arts du spectacle * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
Le Sinjska Alka est un tournoi de chevalerie qui se déroule tous les ans depuis le XVIIIe siècle dans la ville de Sinj dans la région de Cetinska krajina. La joute consiste pour les chevaliers à lancer leur cheval au galop dans l’une des rues principales de la ville en visant de leur lance un anneau de fer suspendu à une corde. Le nom du tournoi vient de l’alka ou anneau, un mot dont les origines turques reflètent la co-existence historique et les échanges culturels entre les deux civilisations. Les règles du tournoi, codifiées dans un règlement datant de 1833, prônent des valeurs éthiques et le fair play ; elles insistent sur l’importance de la participation à la vie de la communauté. Les participants doivent appartenir à des familles de Sinj et de la région de Cetinska krajina. L’ensemble de la communauté participe à la fabrication, la conservation, la restauration et la reconstitution des armes, des vêtements et des accessoires, afin de soutenir la perpétuation de la tradition. Des pratiques religieuses locales, des rassemblements sociaux, des visites familiales et des festivités dans l’intimité du foyer et à l’extérieur sont intimement liés au tournoi. Le Sinjska Alka est l’unique exemple qui perdure des anciennes joutes médiévales entre chevaliers qui ont eu lieu régulièrement dans les villes côtières croates jusqu’au XIXe siècleXIXe siècle. Il est devenu une référence de l’histoire locale et un moyen de transmettre la mémoire collective d’une génération à l’autre. |
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La pratique du chant et de la musique bećarac de Croatie orientale | 2011 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * traditions et expressions orales |
La musique bećarac est un genre populaire en Croatie de l’est qui plonge ses racines dans les cultures de la Slavonie, du Baranja et de la Syrmie. La communication entre ceux qui la pratiquent est essentielle : les solistes échangent leurs lignes vocales, cherchant à se dépasser les uns les autres en inventant, rivalisant, combinant des vers décasyllabiques et en façonnant la mélodie, accompagnés d’un groupe de chanteurs et d’ensembles de tambura. Cette musique, qui véhicule les valeurs de la communauté, permet aussi aux chanteurs d’exprimer des pensées et des sentiments qui pourraient être déplacés s’ils étaient proférés directement ou dans d’autres contextes. Chaque soliste façonne son chant en fonction du contexte, la prestation durant aussi longtemps que la créativité et l’énergie des chanteurs le permettent. Les solistes doivent posséder une voix puissante et un répertoire très étendu de distiques anciens et nouveaux ; ils doivent être à la fois doués, rapides et habiles pour les choisir et les combiner. De nos jours, il y a presque autant d’hommes que de femmes parmi les détenteurs de la tradition. La musique bećarac est très répandue dans les communautés de l’est de la Croatie et continue à s’inscrire dans une pratique vivante : soit dans un contexte totalement informel de pratique de la musique, soit dans le cadre d’événéments festifs et de célébrations contemporains. Il existe également de nombreux sous-types de bećarac qui viennent s’ajouter aux particularités introduites par les solistes. La musique bećarac est donc un genre extraordinairement vivant et dynamique qui est recréé à chaque exécution. |
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Le Nijemo Kolo, ronde dansée silencieuse de l’arrière-pays dalmate | 2011 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs |
Le Nijemo Kolo est pratiqué par des communautés de l’arrière-pays dalmate, dans le sud de la Croatie. Il est dansé en ronde, les danseurs entraînant leurs partenaires féminines dans une suite de pas énergiques et spontanés, le danseur testant publiquement les capacités de sa partenaire, en apparence sans règle définie. Les pas et les figures, souvent vigoureux et impressionnants, dépendent de l’humeur et du désir des participants. Le trait distinctif de cette danse silencieuse en cercle est qu’elle est exécutée sans aucune musique, même si des intermèdes musicaux, vocaux ou instrumentaux, précèdent ou suivent parfois la danse. Le Nijemo Kolo est traditionnellement exécuté lors des carnavals, des foires, des jours de fêtes et des mariages ; c’est un moyen, pour les jeunes femmes et les jeunes hommes, de se rencontrer et de faire connaissance. Les différences d’exécution du Nijemo Kolo d’un village à l’autre sont également un moyen, pour les populations locales, de marquer leur identité. La danse est transmise de génération en génération, bien que cette transmission se fasse de plus en plus dans le cadre de clubs culturels où ses mouvements ont été normalisés. Certains villages de l’arrière-pays dalmate ont toutefois préservé le caractère spontané des pas et des figures. De nos jours, le Nijemo Kolo est surtout dansé par des groupes de danse de villages qui se produisent dans les festivals locaux, régionaux ou internationaux et lors de spectacles locaux, de carnavals ou le jour de la fête du saint patron de leur église paroissiale. |
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La klapa, chant à plusieurs voix de Dalmatie, Croatie méridionale | 2012 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * traditions et expressions orales |
Le chant klapa est une tradition vocale d’un chant à plusieurs voix des régions croates méridionales de Dalmatie. Chant à plusieurs voix, chant homophonique a capella, tradition orale et simple façon de faire de la musique en sont les principales caractéristiques. Le chef de chaque groupe de chanteurs est le premier ténor, suivi de plusieurs ténors, barytons et basses. Pendant la représentation, les chanteurs se tiennent par l’épaule en demi-cercle. Le premier ténor lance le chant, suivi par les autres. Le but principal est de parvenir à la meilleure fusion possible des voix. Techniquement, les chanteurs de klapa expriment leur humeur par un chant ouvert, guttural, nasal, à mi-voix, en voix de fausset, en général dans une tessiture élevée. Un autre trait de la klapa est la capacité de chanter librement, sans notation écrite. Les thèmes des chants klapa évoquent en général l’amour, les situations de la vie et le cadre de vie. Les détenteurs et les praticiens sont des amateurs de talent qui héritent de la tradition de leurs prédécesseurs. Leur âge varie, de nombreux jeunes chanteurs se trouvant aux côtés de leurs aînés. Dans la « klapa traditionnelle », la transmission des connaissances se fait oralement. La « klapa de fête » est un groupe plus officiellement organisé, axé sur l’exécution et la présentation du chant. Dans la « klapa moderne », les jeunes chanteurs acquièrent leur expérience en assistant aux concerts et en écoutant les enregistrements. Les communautés locales voient le chant klapa comme marqueur principal de leur identité musicale, intégrant le respect de la diversité, la créativité et la communication. |
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La diète méditerranéenne | 2013 | * traditions et expressions orales * pratiques sociales, rituels et événements festifs * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
La diète méditerranéenne implique un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de rituels, de symboliques et de traditions qui concernent les cultures, les récoltes, la cueillette, la pêche, l’élevage, la conservation, la transformation, la cuisson et, tout particulièrement, la façon de partager la table et de consommer les aliments. Manger ensemble constitue le fondement de l’identité et de la continuité culturelles des communautés du bassin méditerranéen. C’est un moment d’échange social et de communication, d’affirmation et de refondation de l’identité de la famille, du groupe ou de la communauté. La diète méditerranéenne met l’accent sur les valeurs de l’hospitalité, du bon voisinage, du dialogue interculturel et de la créativité, et sur un mode de vie guidé par le respect de la diversité. Elle joue un rôle important dans les espaces culturels, les fêtes et les célébrations en rassemblant des populations de tous âges, classes et conditions. Elle inclut l’artisanat et la production d’objets pour le transport, la conservation et la consommation des aliments, entre autres les plats en céramique et les verres. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la transmission des savoir-faire et des connaissances de la diète méditerranéenne, dans la sauvegarde des techniques, dans le respect des rythmes saisonniers et des ponctuations festives du calendrier, et dans la transmission des valeurs de l’élément aux nouvelles générations. De même, les marchés jouent un rôle clé en tant qu’espaces de culture et de transmission de la diète méditerranéenne, dans l’apprentissage quotidien de l’échange, du respect mutuel et de l’accord. |
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L'art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques | 2018 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | L’art de la construction en pierre sèche correspond au savoir-faire associé à la construction d’ouvrages en pierre en empilant les pierres les unes sur les autres sans utiliser aucun autre matériau, si ce n’est parfois de la terre sèche. Les structures en pierre sèche sont présentes dans la plupart des zones rurales – principalement sur des terrains accidentés – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des espaces habités. Elles ne sont toutefois pas absentes des zones urbaines. La stabilité des structures est assurée par un choix et un placement soigneux des pierres. Les structures en pierre sèche ont façonné des paysages multiples et fort variés, permettant le développement de différents types d’habitats, d’agriculture et d’élevage. Ces structures témoignent des méthodes et pratiques utilisées par les populations depuis la préhistoire jusqu’à l’époque moderne pour organiser leurs espaces de vie et de travail en optimisant les ressources naturelles locales et humaines. Elles jouent un rôle essentiel pour empêcher les glissements de terrain, inondations et avalanches, lutter contre l’érosion et la désertification des terres, améliorer la biodiversité et créer des conditions microclimatiques adéquates pour l’agriculture. Les détenteurs et praticiens sont les communautés rurales dans lesquelles l’élément est profondément enraciné, ainsi que les professionnels du secteur de la construction. Les structures en pierre sèche sont toujours réalisées en parfaite harmonie avec l’environnement et la technique est représentative d’une relation harmonieuse entre les êtres humains et la nature. La pratique est principalement transmise à travers une application pratique adaptée aux conditions propres à chaque lieu. |
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8 La međimurska popevka, chanson populaire traditionnelle de Međimurje | 2018 | * arts du spectacle * traditions et expressions orales |
Traditionnellement, la međimurska popevka, chanson populaire de la région du Međimurje, au nord-ouest de la Croatie, était principalement interprétée en solo par des femmes. De nos jours, elle est reprise par des hommes et des femmes, seuls ou en groupe, sous forme vocale (à une ou plusieurs voix), instrumentale ou mixte, en tant que genre musical à part entière ou intégrée à des danses. Les paroles ont une grande importance et permettent d’établir une classification des popevkas selon leur thème : par exemple, l’amour, la tristesse et la mélancolie, l’humour et la religion. Les détenteurs les plus actifs sont principalement les membres des sociétés et associations culturelles et artistiques, fort anciennes dans le pays, mais des chanteurs individuels jouent également un rôle essentiel car les interprétations individuelles tout en nuance sont typiques des popevkas. L’élément est pratiqué dans de multiples contextes sociaux, en solitaire ou lors de réunions familiales, au sein des communautés ou professionnelles, de célébrations religieuses et de représentations dans la région et au-delà de ses limites. Tout au long de leur vie, les habitants du Međimurje entendent des popevkas à de nombreuses occasions et sont encouragés à prendre part aux représentations. Actuellement, environ cinquante chanteurs sont considérés comme des maîtres dans cet art, réputés pour leur capacité à transmettre les aspects classiques du genre et à l’enrichir avec leurs expressions personnelles. Dans le cadre de la transmission de la pratique aux jeunes générations, les femmes servent souvent de mentors. |
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Registre des meilleures pratiques de sauvegarde
Pratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
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9 L’écomusée de la Batana, projet communautaire de sauvegarde de la culture vivante de Rovinj/Rovign | 2016 | * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * arts du spectacle * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * pratiques sociales, rituels et événements festifs * traditions et expressions orales |
La batana est un type de bateau de pêche traditionnel de la ville de Rovinj, en Croatie. Importante pour l’activité et le patrimoine de la ville, la batana, dont les méthodes de fabrication se transmettaient dans les familles, a progressivement disparu avec l’arrivée de modèles industriels jusqu’en 2004, où des passionnés locaux ont créé une association afin de sauvegarder ce bateau et les pratiques associées (un dialecte local et des chants traditionnels). La Maison de la Batana, une association à but non lucratif, appuyée par la municipalité, le Musée du patrimoine de la ville de Rovinj, le Centre de recherches historiques de Rovinj, la communauté italienne de Rovinj ainsi qu’une spécialiste de l’écomuséologie, a créé l’Écomusée de la Batana afin de faire connaître ce bateau au public et de proposer des formations sur les pratiques qui lui sont associées. Il abrite une exposition permanente qui montre la fabrication de la batana et des équipements de pêche ainsi que la variété des activités de pêche qui sont pratiquées ; il organise des ateliers sur la construction du bateau, notamment pour les constructeurs de bateaux ; il publie des documents spécialisés ; il organise des régates et encourage les jeunes à y participer ; il dispose d’un chantier naval pour construire et réparer les bateaux, sur lesquels des visites guidées ont également lieu aujourd’hui ; et il coopère au niveau national et international en participant à des festivals, des régates et des tables rondes afin de souligner le rôle de la batana dans les communautés traditionnelles de marins et de contribuer à sauvegarder le patrimoine maritime. |
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