Apparence
Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en Grèce.
Comprendre
Le pays compte huit pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » et une pratique reprise dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture »de l'UNESCO.
Aucune pratique n'est reprise sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».
Listes
Liste représentative
Pratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
---|---|---|---|---|
La diète méditerranéenne | 2013 | * traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel * pratiques sociales, rituels et événements festifs * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
La diète méditerranéenne implique un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de rituels, de symboliques et de traditions qui concernent les cultures, les récoltes, la cueillette, la pêche, l’élevage, la conservation, la transformation, la cuisson et, tout particulièrement, la façon de partager la table et de consommer les aliments. Manger ensemble constitue le fondement de l’identité et de la continuité culturelles des communautés du bassin méditerranéen. C’est un moment d’échange social et de communication, d’affirmation et de refondation de l’identité de la famille, du groupe ou de la communauté. La diète méditerranéenne met l’accent sur les valeurs de l’hospitalité, du bon voisinage, du dialogue interculturel et de la créativité, et sur un mode de vie guidé par le respect de la diversité. Elle joue un rôle important dans les espaces culturels, les fêtes et les célébrations en rassemblant des populations de tous âges, classes et conditions. Elle inclut l’artisanat et la production d’objets pour le transport, la conservation et la consommation des aliments, entre autres les plats en céramique et les verres. Les femmes jouent un rôle essentiel dans la transmission des savoir-faire et des connaissances de la diète méditerranéenne, dans la sauvegarde des techniques, dans le respect des rythmes saisonniers et des ponctuations festives du calendrier, et dans la transmission des valeurs de l’élément aux nouvelles générations. De même, les marchés jouent un rôle clé en tant qu’espaces de culture et de transmission de la diète méditerranéenne, dans l’apprentissage quotidien de l’échange, du respect mutuel et de l’accord. |
|
1 Le savoir-faire de la culture du mastiha à l’île de Chios | 2014 | * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le mastiha, résine aromatique qui est extraite de l’arbuste pistacia lentiscus, est cultivé sur l’île de Chios. Le mastiha est renommé depuis longtemps pour ses multiples propriétés et sa culture constitue une occupation familiale qui exige des soins laborieux tout au long de l’année par les hommes et les femmes de tout âge qui participent, à égale mesure, aux différentes étapes. Les hommes s’occupent de la fertilisation naturelle et de l’élagage des branches en hiver, tandis que les femmes, à partir de la mi-juin, balaient, nettoient et nivellent le terrain autour du tronc afin de pouvoir facilement récupérer le mastiha. À partir de juillet, on incise l’écorce du tronc et des branches principales à l’aide d’un outil en fer. Lorsque le mastiha a solidifié, les femmes sélectionnent en premier les plus grosses « larmes », les lavent et les déposent dans des boîtes en bois, dans un endroit frais. Les personnes âgées de la communauté se chargent d’enseigner les techniques d’incision et de récolte du mastiha aux jeunes générations. La culture du mastiha représente un fait social global, autour duquel se sont tissés des réseaux d’entraide et d’alliance. Ces pratiques collectives offrent également l’occasion de perpétuer la mémoire collective, par la narration de vieux contes et histoires. |
|
2 Le savoir-faire artisanal tiniote du marbre | 2015 | * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * pratiques sociales, rituels et événements festifs |
L’art de la sculpture sur marbre est une expression de l’identité culturelle de Tinos. Les artisans du marbre possèdent des connaissances empiriques sur la composition et la structure des roches marbrières, les propriétés de chaque type de marbre et la manipulation de ses veines. Les ateliers de sculpture sur marbre produisent un grand nombre de motifs et symboles traditionnels, parmi lesquels le cyprès, les fleurs, les oiseaux et les navires. Ceux-ci perpétuent et s’inspirent d’un répertoire symbolique commun de traditions religieuses, magiques et orales. Les motifs gravés sur les bâtiments, les panneaux de signalisation, les églises et dans les cimetières ont une fonction d’expiation et de détournement des influences maléfiques, tandis que les gravures réalisées sur divers récipients et impostes en marbre utilisés au quotidien mettent l’accent sur la fertilité et la prospérité. Les artisans se regroupent parfois en équipes pour la réalisation d’un vaste projet et certains maîtres travaillent parfois seuls pour des petites commandes. La transmission suit des pratiques ancestrales. Les apprentis commencent par des tâches mineures, comme disposer les outils des maîtres et nettoyer l’atelier, puis vient l’apprentissage progressif du savoir-faire et du dessin. Chaque maître supervise un ou deux apprentis, généralement des membres de sa famille, pour lesquels il joue le rôle de mentor. Lorsque l’apprenti a terminé sa formation et reçoit le titre de maître artisan, il se voit remettre un petit coffre contenant quelques outils. Près d’un quart des étudiants sont désormais des femmes, ce qui marque une nette évolution de la tradition du savoir-faire artisanal du marbre, qui, jusqu’à une époque récente, était une activité exclusivement masculine. |
|
3 La Momoeria, fêtes du Nouvel An dans huit villages de la région de Kozani, en Macédoine occidentale | 2016 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
Entre le 25 décembre et le 5 janvier à Kozani (nord-ouest de la Grèce), des danseurs, des acteurs et des musiciens se produisent dans les rues des villages et passent chez les habitants pour fêter la nouvelle année. Les 30 danseurs de la Momoeria attirent particulièrement l’attention. Ils représentent les prêtres du dieu Momos (dieu du rire et de la satire) ou les commandants d’Alexandre le Grand. Ils portent un casque, une jupe plissée, des chaussures traditionnelles et brandissent un bâton en dansant sous les ordres de leur dirigeant pour convaincre les forces de la nature d’épargner les villageois. Les acteurs entourent les danseurs et jouent une pièce satirique très connue, faisant apparaître des personnages tels qu’un vieil homme et le diable (avec des variations suivant les villages), que le public est invité à taquiner, ce qui crée une atmosphère joyeuse. Des instruments, comme la cornemuse, sont utilisés. Cette pratique vise principalement à souhaiter une année prospère à la communauté, avec des enfants en bonne santé et de bonnes récoltes. De nos jours, elle encourage aussi la gestion durable des ressources naturelles. La fête culmine sur la place principale où tout le monde chante et danse autour d’un feu jusqu’au matin. Transmise des anciennes aux plus jeunes générations de manière informelle, cette fête représente une partie de l’identité culturelle de la communauté et contribue à faciliter l’intégration sociale. |
|
Le rebétiko | 2017 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * traditions et expressions orales |
Le rebétiko est une forme d’expression musicale et culturelle directement associée à la chanson et à la danse. Elle s’est à l’origine répandue au sein des classes populaires et ouvrières, au début du XXe siècle. Les chansons de rebétiko font partie du répertoire classique de la quasi-totalité des événements sociaux qui font une large place aux danses et aux chansons. L’élément est pratiqué en public. Ses interprètes encouragent le public à y participer. La pratique est ouverte à tous. Toute personne grecque ou parlant le grec et aimant ce type de musique et de danse peut faire partie des détenteurs. Les chants de rebétiko sont empreints d’inestimables références aux coutumes, pratiques et traditions associées à un mode de vie particulier. Toutefois, le rebétiko est avant tout une tradition musicale vivante empreinte d’un fort caractère artistique, symbolique et idéologique. À l’origine, le rebétiko était exclusivement transmis par voie orale à l’occasion d’interprétations en direct de chansons et par l’apprentissage des joueurs plus jeunes auprès d’instrumentistes et de chanteurs plus âgés. Ce mode d’apprentissage informel reste important de nos jours. Toutefois, avec la récente généralisation des enregistrements sonores, des médias de masse et du cinéma, les moyens de transmission se sont élargis. Au cours de la dernière décennie, le rebétiko a été de plus en plus enseigné dans les écoles de musique, les conservatoires et les universités, ce qui a contribué à accroître sa diffusion. Les musiciens et les amateurs de rebétiko continuent à jouer un rôle clé dans la pérennisation de cette pratique. |
|
L'art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques | 2018 | savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel | L’art de la construction en pierre sèche correspond au savoir-faire associé à la construction d’ouvrages en pierre en empilant les pierres les unes sur les autres sans utiliser aucun autre matériau, si ce n’est parfois de la terre sèche. Les structures en pierre sèche sont présentes dans la plupart des zones rurales – principalement sur des terrains accidentés – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des espaces habités. Elles ne sont toutefois pas absentes des zones urbaines. La stabilité des structures est assurée par un choix et un placement soigneux des pierres. Les structures en pierre sèche ont façonné des paysages multiples et fort variés, permettant le développement de différents types d’habitats, d’agriculture et d’élevage. Ces structures témoignent des méthodes et pratiques utilisées par les populations depuis la préhistoire jusqu’à l’époque moderne pour organiser leurs espaces de vie et de travail en optimisant les ressources naturelles locales et humaines. Elles jouent un rôle essentiel pour empêcher les glissements de terrain, inondations et avalanches, lutter contre l’érosion et la désertification des terres, améliorer la biodiversité et créer des conditions microclimatiques adéquates pour l’agriculture. Les détenteurs et praticiens sont les communautés rurales dans lesquelles l’élément est profondément enraciné, ainsi que les professionnels du secteur de la construction. Les structures en pierre sèche sont toujours réalisées en parfaite harmonie avec l’environnement et la technique est représentative d’une relation harmonieuse entre les êtres humains et la nature. La pratique est principalement transmise à travers une application pratique adaptée aux conditions propres à chaque lieu. |
|
Le chant byzantin Note
La Grèce partage cette pratique avec Chypre. |
2019 | * arts du spectacle * pratiques sociales, rituels et événements festifs * traditions et expressions orales |
Art vivant qui perdure depuis plus de 2 000 ans, le chant byzantin constitue à la fois une tradition culturelle significative et un système musical complet faisant partie des traditions musicales communes qui se sont développées dans l’Empire byzantin. Mettant en valeur, sur le plan musical, les textes liturgiques de l’Église orthodoxe grecque, le chant byzantin est étroitement lié à la vie spirituelle et au culte religieux. Cet art vocal se concentre principalement sur l’interprétation du texte ecclésiastique. Le chant byzantin doit sans nul doute son existence à la parole (logos). En effet, chaque aspect de cette tradition sert à la diffusion du message sacré. Transmis oralement de génération en génération, il a préservé ses caractéristiques au fil des siècles : il s’agit d’une musique exclusivement vocale, fondamentalement monophonique ; les chants sont codifiés selon un système en huit modes ou huit tons ; et différents styles de rythme sont employés afin d’accentuer les syllabes souhaitées dans certains mots du texte liturgique. L’art psaltique a toujours été lié à la voix masculine mais les chanteuses sont nombreuses dans les couvents et sont actives, dans une certaine mesure, dans les paroisses. Outre sa transmission à l’église, le chant byzantin prospère grâce au dévouement d’experts et d’amateurs – musiciens, membres des chœurs, compositeurs, musicologues et universitaires – qui contribuent à son étude, à sa représentation et à sa diffusion. |
|
La transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux le long des routes migratoires en Méditerranée et dans les Alpes | 2019 | La transhumance, déplacement saisonnier de bétail le long des routes migratoires en Méditerranée et dans les Alpes, est une forme de pastoralisme. Chaque année au printemps et en automne, des milliers d’animaux sont conduits par des gardiens de troupeaux, accompagnés de leurs chiens et de leurs chevaux, selon des itinéraires fixes, entre deux régions géographiques et climatiques, de l’aube au crépuscule. Dans de nombreux cas, les familles des gardiens de troupeaux se déplacent aussi avec le bétail. On distingue deux grands types de transhumance : la transhumance horizontale, dans les régions de plaines ou de plateaux ; et la transhumance verticale typique des régions montagneuses. La transhumance modèle les relations entre les hommes, les animaux et les écosystèmes. Elle implique des rituels et des pratiques sociales communes en matière de soin et d’élevage des animaux, de gestion des terres, des forêts et des ressources en eau, ainsi que de gestion des risques naturels. Les gardiens de troupeaux transhumants ont une connaissance approfondie de l’environnement, de l’équilibre écologique et du changement climatique, car la transhumance est l’une des méthodes d’élevage les plus efficaces et durables. Ils possèdent également des savoir-faire particuliers liés à toutes sortes d’artisanat et à la production alimentaire. Des festivités au printemps et en automne marquent le début et la fin de la transhumance, lorsque les détenteurs partagent de la nourriture, des rituels et des histoires et initient les jeunes générations à la pratique de l’élément. Des gardiens de troupeaux en chef transmettent leur savoir-faire spécifique aux jeunes générations à travers des activités quotidiennes, assurant la viabilité de la pratique. |
|
Registre des meilleures pratiques de sauvegarde
Pratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
---|---|---|---|---|
4 La Caravane polyphonique, recherches, sauvegarde et promotion du chant polyphonique de l’Épire | 2020 | * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Traditions et expressions orales |
La caravane polyphonique est un projet de longue durée consacré aux recherches, à la sauvegarde et à la promotion du chant polyphonique de l’Épire. Pratiqué depuis des siècles, le chant polyphonique de l’Épire est interprété par un groupe de chanteurs jouant deux à quatre rôles distincts. Il existe des chants polyphoniques évoquant presque tous les aspects de la vie : enfance, mariage, deuil, événements historiques et vie pastorale. Après la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile grecque qui s’est ensuivie, la pratique de l’élément s’est faite plus sporadique car les habitants de l’Épire ont migré vers les grands centres urbains en Grèce et à l’étranger. En fin de compte, très peu d’interprètes expérimentés sont restés dans les villages. Au milieu des années 1990, des jeunes venus d’Épire ont formé le premier groupe polyphonique, « Chaonia », à Athènes. Prenant conscience des menaces qui pesaient sur l’élément et de la nécessité de cultiver un terrain propice à sa pratique dans ce nouvel environnement urbain, ils ont décidé de prendre des initiatives en faveur de la sauvegarde et de la promotion de l’élément. Après le premier concert du groupe Chaonia en 1997, ses membres ont fondé l’organisation non gouvernementale « Apiros (caravane polyphonique) ». Les principaux objectifs étaient la sensibilisation à l’élément, la documentation grâce à des recherches approfondies sur le terrain, la multiplication d’interactions par-delà les générations et les frontières géographiques, et le rassemblement de tous les praticiens du chant polyphonique de l’Épire. Aujourd’hui encore, ces objectifs sont toujours au cœur de la philosophie du projet. En vingt ans, la caravane polyphonique a grandement contribué à renforcer la viabilité du chant polyphonique de l’Épire, ainsi qu’à le valoriser dans un environnement en constante évolution. |
|
Liste de sauvegarde d'urgence
La Grèce n'a pas de pratique inscrite sur la liste de sauvegarde d'urgence.