Apparence
Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en Arménie.
Comprendre
[modifier]Le pays compte sept pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO.
Aucune pratique supplémentaire n'est reprise que se soit dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture » ou sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».
Listes
[modifier]Liste représentative
[modifier]Pratique | Année | Domaine | Description | Illustration |
---|---|---|---|---|
Le Duduk et sa musique | 2008 | * Arts du spectacle * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le duduk, hautbois arménien, est un instrument à vent à anche double, au timbre chaud et doux, légèrement nasal. Il appartient à la famille des aérophones qui comprend également le balaban, joué en Azerbaïdjan et en Iran, le duduki, très répandu en Géorgie et le nay turc. Le bois tendre de l’abricotier offre le matériau idéal pour creuser le corps de l’instrument. L’anche, appelée ghamish ou yegheg, est faite d’une plante locale qui pousse sur les rives de l’Arax. L’origine de la musique pour duduk remonte à l’époque du roi arménien Tigran le Grand (95-55 av. J.-C.). Le duduk accompagne les chants et danses traditionnels des différentes régions de l’Arménie. Il est aussi l’instrument privilégié de diverses réunions telles que les mariages et les funérailles. Bien que certains instrumentistes soient célèbres comme solistes, notamment Gevorg Dabaghyan et Vache Sharafyan, le duduk est généralement joué par deux musiciens. L’un d’eux crée le fond musical en tenant un bourdon continu grâce à une technique de respiration circulaire, tandis que l’autre développe des mélodies et improvisations complexes. Il y a quatre grands types de duduk qui varient en longueur de 28 à 40 cm. Cette variété permet de créer des atmosphères différentes selon le contenu du morceau et le contexte dans lequel il est joué. Le duduk de 40 cm de long, par exemple, est considéré comme idéal pour les chansons d’amour, alors que le plus petit accompagne généralement les danses. Aujourd’hui encore, des facteurs de duduk créent et expérimentent différents types de duduk. Pour beaucoup d’Arméniens, c’est l’instrument qui exprime avec le plus d’éloquence la chaleur, la joie et l’histoire de leur communauté. Depuis quelques décennies, la musique pour duduk perd de sa popularité, notamment en milieu rural d’où il est originaire. De moins en moins présent dans les fêtes populaires, le duduk est davantage joué par des professionnels lors de concerts, mettant ainsi en péril la viabilité et le caractère traditionnel de cette musique. |
|
L’art des croix de pierre arméniennes. Symbolisme et savoir-faire des Khachkars | 2010 | * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le Khachkar est une stèle érigée en plein air, sculptée dans la pierre par des artisans en Arménie et au sein des communautés de la diaspora arménienne. Il sert, entre autres, de point focal du culte, de pierre commémorative et de relique facilitant la communication entre séculier et divin. Le Khachkar atteint 1,50 mètres de hauteur avec, en son centre, une croix sculptée de manière ornementale, reposant sur le symbole du soleil ou de la roue de l’éternité, accompagnée de motifs géométriques végétaux, d’animaux et de personnages sculptés dans la pierre. Les Khachkars sont généralement taillés dans la pierre de la région et sculptés à l’aide d’un burin, d’une gouge, d’une pointe fine et d’un marteau. Puis les motifs sculptés sont polis au sable fin. Les petites cassures et les irrégularités sont estompées avec du plâtre d’argile ou de la chaux, puis l’ensemble est peint. Une fois terminé, le Khachkar est mis en place lors d’une petite cérémonie religieuse. Après avoir été béni et consacré, le Khachkar est supposé posséder des pouvoirs sacrés et peut apporter une aide, une protection, une victoire, une longue vie, une mémoire et une médiation pour le salut de l’âme. Sur plus de 50 000 Khachkars en Arménie, chacun a sa propre composition et il n’y en a pas deux pareils. Le savoir-faire des Khachkars se transmet en famille ou du maître à l’apprenti, par l’enseignement des méthodes et des motifs traditionnels tout en encourageant le particularisme régional et l’improvisation individuelle. |
|
L’interprétation de l’épopée arménienne « Les enragés de Sassoun » ou « David de Sassoun » | 2012 | Traditions et expressions orales | L’épopée arménienne « Les enragés de Sassoun » raconte l’histoire de David de Sassoun, un jeune homme téméraire et indépendant qui, par la grâce de Dieu, défend son pays contre le mal dans un duel inégal. L’épopée s’inscrit dans la tradition des récits populaires héroïques qui relatent l’histoire d’une nation et dépeignent ses aspirations et ses sentiments les plus profonds. L’épopée est déclamée sur un ton lyrique, avec une articulation rythmée, avec un corpus de chants séparé dans un style poétique rimé. Elle est racontée tous les ans le premier samedi d’octobre (Journée du poème épique dans certains villages), lors des mariages, des anniversaires, des baptêmes et des grandes manifestations culturelles nationales. Le conteur d’épopée, vêtu du costume national, se tient généralement assis et est accompagné au duduk, instrument à vent en bois. L’art de raconter l’épopée ne connaît aucune restriction liée au genre, à l’âge ou à la profession. Sa transmission au sein de la famille est considérée comme une vocation, surtout dans les communautés rurales qui entretiennent des liens étroits avec la culture populaire. Il en existe 160 variantes. Les séances de narration peuvent durer aujourd’hui jusqu’à deux heures où l’épopée est racontée en plusieurs épisodes. Elle est communément citée comme l’une des œuvres les plus importantes du folklore arménien, encyclopédie et dépositaire de l’ensemble des connaissances relatives au patrimoine du peuple arménien, sa religion, sa mythologie, sa philosophie, sa cosmologie, ses coutumes et son éthique. |
|
Le lavash : préparation, signification et aspect du pain traditionnel en tant qu’expression culturelle en Arménie | 2014 | * Traditions et expressions orales * Arts du spectacle * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
Le lavash est un pain traditionnel fin qui fait partie intégrante de la cuisine arménienne. Sa préparation est effectuée par un petit groupe de femmes et demande beaucoup d’efforts, de coordination, de l’expérience et un savoir-faire spécifique. La pâte, simplement composée de farine de blé et d’eau, est pétrie puis divisée en boules, qui sont ensuite étalées en fines couches puis étirées sur un moule ovale spécial ressemblant à un traversin ; celui-ci est ensuite appliqué contre la paroi du four traditionnel en argile, de forme conique. Trente secondes à une minute plus tard, le pain cuit est décollé de la paroi du four. Le lavash est fréquemment servi enroulé autour de fromages locaux, de légumes ou de viandes, et peut se conserver jusqu’à six mois. Il exerce une fonction rituelle lors des mariages, où il est placé sur les épaules des jeunes mariés afin de leur souhaiter fertilité et prospérité. Le travail collectif de la préparation du lavash renforce les liens familiaux, communautaires et sociaux. Les jeunes filles aident à préparer le lavash, devenant de plus en plus impliquées à mesure qu’elles gagnent en expérience. Les hommes interviennent également dans la fabrication des traversins et la construction des fours, et transmettent leur savoir-faire aux étudiants et apprentis, une étape nécessaire à la préservation de la vitalité et de la viabilité de la préparation du lavash. |
|
Le kochari, danse collective traditionnelle | 2017 | * Arts du spectacle * Pratiques sociales, rituels et événements festifs |
Le kochari est une danse traditionnelle très pratiquée dans toute l’Arménie pendant les jours fériés, les festivités, les cérémonies familiales et autres événements sociaux. Elle est ouverte à tous, n’étant soumise à aucune restriction liée à l’âge, au genre ou au statut social. Le kochari procure un sentiment d’identité et de solidarité partagé, favorise la continuité de la mémoire historique, culturelle et ethnique, et promeut le respect mutuel entre les membres de la communauté quel que soit leur âge. Sa transmission est assurée de façon formelle et non formelle, et il s’agit de l’une des rares danses traditionnelles dont la chaîne de transmission n’a jamais été interrompue. Les moyens formels de transmission incluent l’intégration depuis 2004 d’un cours dédié à la danse et au chant traditionnels dans le programme scolaire des établissements d’enseignement secondaire arméniens, des programmes éducatifs dans les centres artistiques pour les jeunes, un accroissement de la visibilité de l’élément grâce à Internet et à d’autres médias, et des initiatives institutionnelles. Les groupes de danse traditionnelle sont par ailleurs actifs dans diverses communautés depuis les années 1960 et des organisations non gouvernementales organisent régulièrement des cours de danse. La transmission non formelle s’effectue au sein des familles et par l’intermédiaire des groupes de danse qui se forment spontanément. Les communautés, les groupes et les individus contribuent activement à assurer la viabilité de l’élément, notamment à travers l’initiative « Nos danses et nous » menée depuis 2008 avec des praticiens expérimentés qui jouent un rôle clé dans les efforts de sauvegarde. |
|
L’écriture arménienne et ses expressions culturelles | 2019 | * Arts du spectacle * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel |
L’écriture arménienne et ses expressions culturelles englobent l’art plusieurs fois centenaire de l’écriture et des polices de caractères arméniennes, la riche culture de l’écriture décorative et ses divers usages. L’élément est basé sur l’alphabet arménien créé en 405 après J.-C. par Mesrop Machtots, selon le principe d’« une lettre pour un son ». L’élément se distingue également par sa très grande variété de polices décoratives, généralement classées en fonction de leur forme : nœuds, oiseaux, animaux, personnages et créatures mythiques ou imaginaires. Depuis leur invention, les lettres arméniennes ne servent pas seulement leur fonction première de création d’un patrimoine écrit mais aussi de nombres, cryptogrammes, énigmes, etc. Aujourd’hui, les lettres sont aussi utilisées dans l’artisanat. L’écriture arménienne a imprégné presque toutes les couches de la société, notamment l’art populaire. L’élément est pratiqué sur l’ensemble du territoire arménien et fait partie intégrante de l’identité culturelle du peuple arménien. Parmi les détenteurs et praticiens on trouve entre autres des artistes, des tapissiers, des brodeurs, des sculpteurs, des linguistes, des calligraphes et des bijoutiers. Les établissements d’enseignement, à tous les niveaux, contribuent à la transmission des connaissances et des savoir-faire connexes aux futures générations, et plusieurs centres pour la jeunesse accordent une grande importance à l’enseignement de l’écriture arménienne. Depuis 2008, un soutien constant est apporté au concours international annuel de design « Granshan ». L’Église apostolique arménienne est au cœur de la familiarisation des enfants et des jeunes à cet élément. |
|
1 Le pèlerinage au monastère de l’apôtre Saint-Thaddée Note
L'Arménie partage cette pratique avec l'Iran. |
2020 | * Arts du spectacle * Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers * Pratiques sociales, rituels et événements festifs * Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel * Traditions et expressions orales |
Le pèlerinage de trois jours au monastère de l’apôtre Saint Thaddée, au nord-ouest de l’Iran, est organisé chaque année en juillet. Ce pèlerinage vénère deux grands saints : St Thadée, l’un des premiers apôtres chrétiens, et Ste Santukhd, la première femme martyre de la chrétienté. Les détenteurs de l’élément sont les membres de la population arménienne en Iran, les Arméniens d’origine iranienne résidant en Arménie et les fidèles de l’Église apostolique arménienne. Les pèlerins se réunissent à Tabriz avant le départ pour le monastère. Ils parcourent chaque année les 700 km qui séparent Erevan du monastère. La cérémonie de commémoration comprend des liturgies spéciales, des processions, des prières et des jeûnes. Le point d’orgue est la Sainte messe, avec célébration de l’Eucharistie. Des temps sont réservés à des représentations de groupes traditionnels arméniens et à la dégustation de plats de la gastronomie arménienne. Ce pèlerinage est le principal événement socioculturel de l’année. Il renforce le sentiment d’appartenance à une communauté, car les participants s’installent dans des tentes proches les unes des autres. Le monastère est un lieu de pèlerinage depuis plus de dix-neuf siècles. Toutefois, pendant la période soviétique en Arménie, la participation au pèlerinage était interdite. Les détenteurs de l’élément ont préservé la mémoire culturelle de ce pèlerinage et l’ont transmise aux familles et aux communautés. Ce n’est qu’après l’indépendance dans les années 1990 que le pèlerinage a repris depuis l’Arménie. |
|
Registre des meilleures pratiques de sauvegarde
[modifier]L'Arménie n'a pas de pratique inscrite au registre des meilleures pratiques de sauvegarde.
Liste de sauvegarde d'urgence
[modifier]L'Arménie n'a pas de pratique inscrite sur la liste de sauvegarde d'urgence.