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De Wikivoyage

Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO au Pérou.

Comprendre

Le pays compte neuf pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO.

Une pratique est reprise sur la « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture »

Aucune pratique supplémentaire n'est reprise sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».

Listes

Liste représentative

Pratique Année Domaine Description Illustration
1 Taquile et son art textile L’île de Taquile, située sur le lac Titicaca dans les hauts plateaux des Andes péruviennes, est connue pour son art textile qui fait partie de l’activité quotidienne des hommes et des femmes de tous âges et dont les produits sont portés par tous les membres de la communauté. Les habitants de Taquile ont vécu relativement isolés du reste du pays jusque dans les années 1950 et la notion de communauté reste très forte. En témoignent l’organisation de la vie communautaire et le processus collectif de prise de décision. La tradition du tissage remonte aux anciennes civilisations Inca, Pukara et Colla, et a su maintenir vivants certains aspects des cultures andines préhispaniques. Les tissus sont tricotés ou tissés sur les métiers préhispaniques fixes à pédale. Les vêtements les plus caractéristiques sont le chullo, bonnet tricoté avec oreilles, et la ceinture calendrier, large ceinture tissée illustrant le cycle annuel des activités rituelles et agricoles. Cette ceinture a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs car elle décrit des éléments de latradition orale de la communauté et de son histoire. Malgré l’introduction de nouveaux symboles et d’images modernes dans l’art textile de Taquile, le style et les techniques traditionnels ont été préservés. Taquile possède une école spécialisée dans l’artisanat local qui assure la viabilité et la continuité de la tradition. Le tourisme a contribué au développement de l’économie communautaire qui repose principalement sur les produits textiles et les services touristiques. Si le tourisme est considéré comme un moyen efficace de garantir la pérennité de cette tradition, la demande croissante a entraîné des changements majeurs en termes de matières, de production et de signification. La population de Taquile a considérablement augmenté depuis quelques décennies, provoquant des pénuries de ressources et obligeant à importer de plus en plus de produits du continent.


Le patrimoine oral et les manifestations culturelles du peuple Zápara
Note

L'Équateur partage cette pratique avec le Équateur.

Les Zápara vivent dans une partie de la jungle amazonienne, à cheval sur l’Équateur et le Pérou. Établis dans l’une des régions du monde les plus riches en biodiversité, ils sont les derniers représentants d’un groupe ethnolinguistique qui comprenait de nombreuses autres populations avant la conquête espagnole. Au cœur de l’Amazonie, ils ont élaboré une culture orale particulièrement riche en connaissances sur l’environnement naturel. En témoignent l’abondance de leur vocabulaire lié à la faune et à la flore, ainsi que leurs pratiques médicales et leur connaissance des plantes médicinales de la forêt. Ce patrimoine culturel s’exprime à travers des mythes, des rituels, des pratiques artistiques et leur langue. Cette dernière, qui est le dépositaire de leurs savoirs et tradition orale, constitue véritablement la mémoire du peuple et de la région. Quatre siècles d’histoire marqués par la conquête espagnole, l’esclavage, les épidémies, les conversions forcées, les guerres et la déforestation ont presque totalement décimé les Zápara. En dépit de ces nombreuses menaces, ils ont réussi à préserver leurs savoirs ancestraux. Les mariages mixtes avec les Mestizos et d’autres peuples autochtones (Quechua) sont pour beaucoup dans leur survie. Mais cette dispersion signifie également une perte partielle de leur identité. La situation actuelle des Zápara est critique. Ils encourent aujourd’hui un très sérieux risque d’extinction. En 2001, ils n’étaient pas plus de 300 (200 en Équateur et 100 au Pérou) et seuls cinq d’entre eux, tous âgés de plus de 70 ans, parlaient encore la langue zápara.


La danse des ciseaux La danse des ciseaux est exécutée par les habitants des villages et communautés Quechua de la partie sud des Andes centrales du Pérou et, depuis quelques temps, en zone urbaine. Cette danse rituelle qui prend la forme d’une compétition est exécutée pendant la saison sèche et coïncide avec les principales phases du calendrier agraire. La danse des ciseaux tire son nom de la paire de lames en métal poli semblables à des lames de ciseaux que chaque danseur brandit dans sa main droite. Avec un violoniste et un harpiste, un danseur forme une cuadrilla (équipe) qui représente un village ou une communauté donné. La danse met face à face au moins deux cuadrillas dont les danseurs doivent entrechoquer leurs lames en rythme avec les musiciens qui les accompagnent, tout en se livrant à un duel chorégraphique qui mêle step dance, acrobaties et mouvements de difficulté croissante. Le duel, ou atipanakuy, peut durer jusqu’à dix heures ; la capacité physique, la qualité des instruments et le savoir-faire des musiciens accompagnateurs sont autant de critères évalués pour déterminer le vainqueur. Les danseurs portent des costumes brodés avec des franges dorées, des sequins multicolores et des petits miroirs, mais il leur est interdit de pénétrer dans une église dans cette tenue à cause de la tradition qui veut que leurs capacités soient le fruit d’un pacte avec le diable. Cela n’a pas empêché la danse des ciseaux de devenir une composante appréciée des fêtes catholiques. Les connaissances physiques et spirituelles implicites dans la danse sont transmises oralement de maître à élève, chaque cuadrilla de danseurs et de musiciens étant une source de fierté pour son village d’origine.


La Huaconada, danse rituelle de Mito La Huaconada est une danse rituelle exécutée dans le village de Mito, province de Concepción, dans les Andes centrales péruviennes. Chaque année, les trois premiers jours de janvier, des hommes masqués, appelés huacones, exécutent dans le centre de la ville un ensemble de danses chorégraphiées. Les huacones représentent l’ancien conseil des anciens et deviennent la plus haute autorité de la ville pendant toute la durée de la Huaconada. Le tronador (fouet) et le masque qu’ils portent mettent ce rôle en relief ; le masque se caractérise par un nez très accentué qui évoque le bec du condor, créature qui représente l’esprit des montagnes sacrées. La danse met en scène deux catégories de huacones : les anciens, qui portent des costumes traditionnels et des masques finement sculptés inspirant le respect et la crainte ; et les huacones modernes, qui portent des tenues bariolées et dont les masques expriment la terreur, la tristesse ou la moquerie. Pendant la Huaconada, les huacones modernes exécutent un répertoire limité de pas autour des anciens qui, du fait de leur âge, bénéficient pour leur part d’une plus grande liberté pour improviser des mouvements de danse. Un orchestre joue différents rythmes, marqués sur un petit tambour autochtone appelé tinya. La Huaconada synthétise des éléments distincts, originaires des Andes et d’Espagne, en intégrant des éléments nouveaux, contemporains. Seuls les hommes de bonne conduite et d’une grande intégrité morale peuvent devenir huacones. La danse est traditionnellement transmise de père en fils ; les costumes et les masques sont également transmis comme héritage.


Le pèlerinage au sanctuaire du seigneur de Qoyllurit’i Le Pèlerinage au sanctuaire du seigneur de Qoyllurit’i mêle des éléments empruntés à la fois au catholicisme et au culte des dieux de la nature préhispaniques. Il commence cinquante-huit jours après la célébration du dimanche de Pâques (mardi 17 juin 2025), quand 90 000 personnes des environs de Cusco se rendent au sanctuaire, situé dans la cuvette de Sinakara. Les pèlerins sont divisés en huit « nations » correspondant à leurs villages d’origine : Paucartambo, Quispicanchi, Canchis, Acomayo, Paruro, Tawantinsuyo, Anta et Urubamba. Le pèlerinage comprend des processions de croix qui font l’ascension de la montagne au sommet enneigé puis en redescendent, ainsi qu’une procession de vingt-quatre heures pendant laquelle les nations Paucartambo et Quispicanchi portent des images du seigneur de Tayancani et de la Vierge éplorée jusqu’au village de Tayancani pour saluer les premiers rayons du soleil. La danse joue un rôle central dans le pèlerinage : une centaine de danses différentes représentatives des différentes « nations » sont exécutées. Le Conseil des Nations de pèlerins et la Confrérie du seigneur de Qoyllurit’i dirigent les activités du pèlerinage, ses règles et ses codes de conduite et fournissent la nourriture, tandis que les pablitos ou pabluchas, personnages portant des vêtements en alpaga et des masques d’animaux en laine tissée s’occupent du maintien de l’ordre. Le pèlerinage réunit une grande variété d’expressions culturelles et constitue un lieu de rencontre pour les communautés de différentes altitudes de la chaîne andine pratiquant différentes activités économiques.


Eshuva, prières chantées en Harákmbut des Huachipaire du Pérou Les Huachipairi sont un groupe ethnique autochtone parlant le harákmbut et vivant dans la forêt tropicale du sud du Pérou. L’eshuva, prière chantée exprimant les mythes religieux de ce peuple, est interprété pour soigner un malade ou lors de cérémonies traditionnelles comme la dégustation du masato, une boisson à base de manioc fermenté, et l’initiation de nouveaux chanteurs d’eshuva. Si l’on en croit la tradition orale, les chants eschuva auraient été appris directement des animaux de la forêt et ils permettent d’invoquer les esprits de la nature et de solliciter guérison, soulagement ou bien-être de leur part. Les chants sont uniquement interprétés en harákmbut, sans instrument. De ce fait, ils jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de la langue et la préservation des valeurs et de la cosmogonie du groupe. La transmission s’effectue oralement : un chanteur enseigne à des apprentis la fonction spécifique de chaque chant selon le mal qu’il est censé guérir. L’eshuva est toutefois menacé de disparition car sa transmission a été interrompue par le manque d’intérêt des jeunes Huachipairi, les récents mouvements migratoires internes, l’influence et l’assimilation d’éléments culturels externes. Pour l’heure, on ne recense plus que 12 chanteurs parmi les Huachipairi.


Les connaissances, savoir-faire et rituels liés à la rénovation annuelle du pont Q’eswachaka les pratiques sociales, rituels et événements festifs

les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

Le Q’eswachaka est un pont suspendu en cordes qui surplombe les gorges de la rivière Apurimac dans la partie méridionale des Andes péruviennes. Il est rénové chaque année à l’aide de techniques et de matières premières incas traditionnelles. Les communautés paysannes quechuas de Huinchiri, Chaupibanda, Choccayhua et Ccollana Quehue le considèrent comme un moyen de renforcer leurs liens sociaux et pas seulement comme une simple voie de communication. Ce pont sacré symbolise le lien qui unit les communautés à la nature, la tradition et l’histoire, et sa restauration s’accompagne de cérémonies rituelles. Bien que la rénovation annuelle ne dure que trois jours, elle structure la vie des communautés participantes tout au long de l’année en leur permettant de communiquer, en renforçant leurs liens séculaires et en réaffirmant leur identité culturelle. La première étape de la rénovation est effectuée par les familles qui coupent et tordent la paille pour en faire des cordelettes d’environ soixante-dix mètres de long. Sous la supervision de deux bâtisseurs de pont, elles sont ensuite entremêlées pour former des cordes de taille moyenne tressées en six grosses cordes. Une fois prêtes, les hommes des communautés les attachent solidement aux anciens socles de pierre, puis les artisans dirigent le tissage du pont, chacun installé de part et d’autre de l’ouvrage. La fin de la rénovation est célébrée par une fête organisée par les communautés. Les techniques de tissage du pont sont enseignées et apprises au sein du cercle familial.


2 La fête de la Virgen de la Candelaria de Puno les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel

les arts du spectacle

les pratiques sociales, rituels et événements festifs

les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

La fête de la Virgen de la Candelaria, célébrée chaque année en février dans la ville de Puno, comprend des activités à caractère religieux, festif et culturel qui trouvent leur origine dans les traditions catholiques et les éléments symboliques de la vision andine du monde. La fête à proprement parler commence au début du mois avec la célébration d’une messe à l’aube suivie d’une cérémonie ancienne de purification. Le lendemain matin, la célébration d’un acte liturgique précède la procession religieuse au cours de laquelle une image de la Vierge est transportée dans les rues de la ville, accompagnée de musique et de danses traditionnelles. La fête se poursuit avec deux concours qui attirent 170 groupes réunissant 40 000 danseurs et musiciens de toute la région. Les principaux praticiens sont les habitants ruraux et urbains de la région de Puno appartenant aux groupes ethniques Quechua et Aymara. De nombreuses personnes originaires de Puno qui ont quitté la région reviennent également pour participer à la fête, renforçant le sentiment de continuité culturelle. Trois fédérations régionales de praticiens collaborent à l’organisation de la fête et à la préservation des connaissances et savoir-faire traditionnels liés à la danse, à la musique et à la création de masques. Les répétitions et les ateliers de confection sont les lieux où se transmettent ces savoir-faire aux jeunes générations. La fête s’achève par une cérémonie en l’honneur de la Vierge, un concert et des messes d’adieux.


3 La danse Wititi de la vallée du Colca les arts du spectacle

les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

La danse du Wititi de la vallée du Colca est une danse populaire traditionnelle associée au passage à l’âge adulte. Inspirée des parades nuptiales, elle est dansée par les jeunes pendant les fêtes religieuses qui se déroulent tout au long de la saison des pluies. La danse se pratique en troupes, les couples de danseurs et de danseuses formant des rangées et esquissant différents pas au son des airs joués par les musiciens. Les costumes des femmes sont finement brodés de motifs colorés et incluent des chapeaux qui les distinguent les unes des autres. Les hommes portent quant à eux une tenue composée de deux jupes de femme superposées, d’une chemise militaire, d’une écharpe et d’un « chapeau renforcé ». La danse coïncide avec le début d’un nouveau cycle de production agricole et symbolise le renouveau de la nature et de la société. Elle renforce les liens sociaux et l’identité culturelle, les villages de la vallée du Colca rivalisant pour présenter les meilleures troupes, renouvelant ainsi constamment cette danse tout en conservant son caractère traditionnel. La danse du Wititi de la vallée du Colca est apprise par les jeunes et les enfants à travers l’observation directe à l’école et lors des réunions familiales privées telles que les baptêmes, les anniversaires et les mariages. Au niveau national, les ensembles folkloriques proposent des chorégraphies de danse Wititi dans leurs répertoires.


Registre des meilleures pratiques de sauvegarde

Pratique Année Domaine Description Illustration
La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés Aymara de la Bolivie, du Chili et du Pérou
Note

le Pérou partage cette pratique avec la Bolivie et le Chili.

Les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel

Les arts du spectacle

Les pratiques sociales, rituels et événements festifs

Les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

Les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

Le projet sous-régional proposé vise à développer des mesures de sauvegarde pour assurer la viabilité des expressions orales, de la musique et des connaissances traditionnelles (art textile et techniques agricoles) des communautés Aymara de la Bolivie (La Paz-Oruro-Potosí), du Chili (Tarapacá-Arica-Parinacota-Antofagasta) et du Pérou (Tacna-Puno-Moquegua). Les activités, planifiées pour une mise en œuvre dans le cadre d’un projet quinquennal, sont : (i) identification et inventaire des connaissances traditionnelles et des traditions orales des communautés Aymara dans les régions choisies, (ii) renforcement de la langue comme vecteur de transmission du patrimoine culturel immatériel par l’éducation formelle et non-formelle, (iii) promotion et diffusion des expressions orales et musicales Aymara et (iv) renforcement des connaissances traditionnelles liées à la production artistique de textile et des techniques agricoles traditionnelles. Ces quatre lignes d’action du projet planifié ont été établies comme prioritaires par les communautés Aymara lors des différentes phases de consultation et de préparation du projet et elles seront mises en œuvre avec la pleine participation des communautés, tout en étant guidées par les principes de la Convention 2003. Le projet prévoit d’adopter comme stratégie de travail la création d’un réseau sous-régional et international comprenant des individus, des communautés, des groupes, des gestionnaires culturels, des spécialistes, des organisations autochtones, des centres de recherche, des ONG et des gouvernements, de promouvoir l’échange d’expériences, l’information et la formation pour renforcer des capacités dans la région.


Liste de sauvegarde d'urgence

Le Pérou ne compte aucune pratique nécessitant une sauvegarde d'urgence.

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