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Cet article recense les pratiques inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO au Brésil.

Comprendre[modifier]

Le pays compte sept pratiques reprises sur la « liste représentative du patrimoine culturel immatériel » de l'UNESCO.

Deux pratiques sont reprises dans le « registre des meilleures pratiques de sauvegarde de la culture ».

Aucune pratique supplémentaire n'est reprise sur la « liste de sauvegarde d'urgence ».

Listes[modifier]

Liste représentative[modifier]

Pratique Année Domaine Description Illustration
La Samba de Roda de Recôncavo de Bahia La Samba de Roda est une manifestation festive populaire mêlant musique, danse et poésie. Apparue au dix-septième siècle dans l’État de Bahia, plus précisément aux environs de Recôncavo, elle procède des danses et traditions culturelles des esclaves africains de la région. Elle a également intégré des éléments de la culture lusitanienne, notamment la langue, la poésie et certains instruments de musique. Initialement composante majeure de la culture populaire régionale des Brésiliens d’origine africaine, la Samba de Roda a été apportée par les migrants à Rio de Janeiro où elle a influencé la samba urbaine, devenue au vingtième siècle le principal marqueur de l’identité nationale brésilienne. Elle rassemble les gens pour des occasions spécifiques telles que la célébration des fêtes catholiques populaires ou des cultes afro-brésiliens, mais aussi de façon spontanée. Toutes les personnes présentes, même les novices, sont invitées à se joindre à la danse, l’observation et l’imitation constituant le moyen privilégié d’apprentissage. L’une des principales caractéristiques de cette samba est qu’elle réunit les participants en cercle, le mot roda faisant référence à un cercle. Généralement, seules les femmes dansent l’une après l’autre au centre du cercle formé par les autres danseurs qui chantent en tapant dans leurs mains. La chorégraphie est souvent improvisée et basée sur des mouvements des pieds, des jambes et des hanches. L’un des mouvements les plus typiques est le fameux umbigada d’influence bantoue, signe par lequel la danseuse désigne celle qui lui succède au centre du cercle. Des pas spécifiques comme le miudinho, l’emploi d’instruments raclés et de la viola machete, petit luth à cordes pincées originaire du Portugal, ainsi que les chants à répons, sont d’autres traits distinctifs de cette samba. L’influence des médias et la concurrence de la musique populaire contemporaine contribuent à dévaloriser cette samba aux yeux des jeunes. Le vieillissement des praticiens et la diminution du nombre d’artisans capables de fabriquer certains des instruments sont des menaces de plus pour la transmission de la tradition.


Les expressions orales et graphiques des Wajapi Les Wajapi, qui appartiennent au groupe ethnolinguistique des Tupi-Guarani, sont une population indigène du nord de l’Amazonie. Cette communauté de près de 580 personnes vit dans une quarantaine de petits villages regroupés sur un territoire protégé de l’État d’Amapá. Depuis la nuit des temps, ils utilisent des teintures végétales pour dessiner des motifs géométriques sur leurs corps et sur divers objets. Ils ont élaboré au fil des siècles un système de communication unique, riche mélange d’art graphique et verbal, qui traduit leur vision singulière du monde et leur permet de transmettre les connaissances essentielles sur la vie de la communauté. Les motifs de cet art graphique, appelés kusiwa, sont tracés à l’aide de résines odorantes mélangées à de la teinture végétale rouge extraite d’une plante, le roucou. La complexité du kusiwa est telle que le niveau technique et artistique nécessaire pour maîtriser l’art du dessin et préparer la teinture ne peut être atteint, selon les Wajapi, avant l’âge de quarante ans. Les motifs les plus récurrents sont le jaguar, l’anaconda, le papillon et le poisson. Ils évoquent la création de l’humanité et prennent vie à travers les nombreux mythes qui entourent l’apparition de l’homme. Ce graphisme corporel, étroitement lié à des traditions orales amérindiennes, revêt de multiples significations socioculturelles, esthétiques, religieuses et métaphysiques. Le kusiwa constitue de fait la structure même de la société Wajapi et sa signification va bien au-delà de sa dimension artistique. Ce répertoire codé de connaissances traditionnelles ne cesse d’évoluer grâce à un renouvellement constant des motifs, par réinterprétation ou invention. Bien que les Wajapi soient installés sur un territoire protégé, leur mode de vie traditionnel, notamment la pratique du kusiwa, risque de perdre son sens symbolique, voire de complètement disparaître. Une telle altération ébranlerait profondément les repères sociaux et cosmologiques de la communauté. Le principal danger vient du désintérêt des jeunes générations, de la diminution du nombre de Wajapi experts en kusiwa et de l’indifférence de la société dans son ensemble.


Le Yaokwa, rituel du peuple Enawene Nawe pour le maintien de l’ordre social et cosmique pratiques sociales, rituels et événements festifs

connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

Les Enawene Nawe vivent au bord du fleuve Juruena, dans la forêt pluviale du sud de l’Amazonie. Ils accomplissent le rituel du Yaokwa tous les ans durant la saison sèche afin d’honorer les esprits Yakairiti et maintenir ainsi l’ordre social et cosmique au sein de leurs différents clans. Le rituel rattache la biodiversité locale à une cosmologie complexe et symbolique qui relie les domaines distincts et cependant inséparables que sont la société, la culture et la nature. Il fait partie de leurs activités quotidiennes et dure sept mois, durant lesquels les clans assument des responsabilités en alternance : un groupe se lance dans des expéditions de pêche dans toute la région, pendant qu’un autre prépare des offrandes de sel gemme, de poissons et de mets rituels pour les esprits, joue de la musique et danse. Le rituel mêle des savoirs liés à l’agriculture, à la transformation de la nourriture, à l’artisanat (costumes, outils et instruments de musique), à la construction des maisons et des barrages de pêche. Le Yaokwa et la biodiversité locale qu’il célèbre représentent un écosystème extrêmement délicat et fragile, dont la continuité dépend directement de la conservation de ce dernier. Cependant, tous deux sont aujourd’hui gravement menacés par la déforestation et des pratiques invasives comme l’exploitation minière et forestière, l’élevage extensif du bétail, la pollution de l’eau, la dégradation du cours supérieur des fleuves, l’urbanisation anarchique, la construction de routes, de voies fluviales et de barrages, l’assèchement et le détournement des cours d’eau, les feux de forêt ainsi que la pêche illégale et le commerce d’espèces sauvages.


Le frevo, arts du spectacle du Carnaval de Recife les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel

les arts du spectacle

les pratiques sociales, rituels et événements festifs

les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

Le Frevo est une expression artistique brésilienne constituée de musique et de danse, surtout pratiquée pendant le Carnaval de Recife. Son rythme vif, frénétique et vigoureux s’inspire de la fusion de genres musicaux tels que la marche, le tango brésilien, le quadrille, la polka et des morceaux du répertoire classique, joués par des formations de musique militaire et des fanfares. La musique est essentiellement urbaine et, comme la danse qui l’accompagne, le « passo », elle est entraînante et subversive. La danse doit son origine au talent et à l’agilité des lutteurs de capoeira qui improvisent des sauts, au son électrifié des orchestres et fanfares métal. Les praticiens du frevo et du passo sont membres d’associations qui participent toutes aux parades du carnaval. Leur siège offre l’appui nécessaire au développement, à la préservation et à la transmission des connaissances et savoir-faire relatifs au frevo. L’élément a aussi un lien étroit avec les croyances et l’univers symbolique de la religion des praticiens. Plusieurs associations ont des couleurs qui correspondent au culte des membres et divers ornements ont une signification religieuse. Le frevo s’est formé grâce à la créativité et la richesse culturelle qui provient d’une formidable combinaison entre la musique, la danse, la capoeira et l’artisanat, entre autres, démontrant l’ingéniosité et le talent créateur de ses praticiens. Cette capacité à promouvoir la créativité humaine et le respect de la diversité culturelle est inhérente au frevo.


Le Círio de Nazaré (Le Cierge de Notre-Dame de Nazareth) à Belém, dans l’État du Pará Le festival du Círio de Nazaré rend hommage à Notre-Dame de Nazareth. Lors du deuxième dimanche d’octobre (dimanche 13 octobre 2024) a lieu la grande procession, point d’orgue des festivités, au cours de laquelle une image sur bois de Notre-Dame de Nazareth est transportée de la cathédrale de la Sé jusqu’à l’esplanade du Sanctuaire, mais les célébrations commencent en août et se poursuivent quinze jours après la grande procession. La ville presque tout entière y participe et de très nombreux pèlerins viennent de tout le Brésil pour assister à ce qui est l’un des plus grands rassemblements religieux du monde. La célébration s’est enrichie de nombreux éléments culturels qui reflètent la multiculturalité de la société brésilienne, notamment à travers la culture, la cuisine et l’artisanat amazoniens, avec des jouets fabriqués en bois de palmier local. Sacré et profane se mélangent pour créer une manifestation sociale aux multiples dimensions : religieuse, esthétique, touristique, sociale et culturelle. Les bateaux jouent un rôle symbolique dans la procession, puisque Notre-Dame de Nazareth est connue comme la sainte patronne des marins. De petits autels sont installés en signe de dévotion dans les maisons, les boutiques, les bars, les marchés et les établissements publics. La transmission s’effectue au sein des familles, avec les enfants et les adolescents qui accompagnent leurs parents aux festivités. Pour beaucoup, le Círio est un moment de retrouvailles en famille, pour d’autres, c’est un lieu de manifestations politiques.


Le cercle de capoeira les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel

les arts du spectacle

les pratiques sociales, rituels et événements festifs

les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

La capoeira est une pratique culturelle afro-brésilienne qui relève à la fois du combat et de la danse et peut être considérée comme une tradition, un sport et même une forme d’art. Les capoeiristes forment un cercle au centre duquel deux d’entre eux s’affrontent. Les mouvements exécutés exigent une grande souplesse du corps. Les autres capoeiristes autour du cercle chantent, tapent des mains et jouent d’instruments à percussion. Les cercles de capoeira sont constitués d’un groupe de personnes, hommes et femmes, comprenant un maître, un contremaître et des disciples. Le maître est le détenteur et le gardien des connaissances contenues dans le cercle ; il est chargé d’enseigner le répertoire et de maintenir la cohésion du groupe tout en veillant au respect d’un code rituel. Le maître joue généralement d’un instrument à percussion composé d’une seule corde, entame les chants et dirige la synchronisation et le rythme du jeu. Tous les participants doivent pouvoir fabriquer des instruments et en jouer, chanter un répertoire commun de chants, improviser des chants, connaître et respecter les codes d’éthique et de conduite, et exécuter les mouvements, déplacements et gestes d’attaque. Le cercle de capoeira est un espace dans lequel les connaissances et les savoir-faire sont transmis au moyen de l’observation et de l’imitation. Le cercle de capoeira permet aussi l’affirmation du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, encourage l’intégration sociale et la mémoire de la résistance à l’oppression historique.


Registre des meilleures pratiques de sauvegarde[modifier]

Pratique Année Domaine Description Illustration
Le musée vivant du Fandango Le fandango est un style musical et de danse populaire pratiqué dans les communautés côtières au sud et sud-est du Brésil. Les chansons fandango sont appelées modas et sont jouées avec des instruments de musique faits à la main : la viola, le violon populaire et le tambour sur cadre. Traditionnellement, on offrait les fandangos pour rétribuer des activités collectives, telle que la plantation, la récolte et la pêche. Cependant, le fandango perd de son prestige et de son sens d’identité en raison d’une diminution du travail collectif : de nombreux représentants sont morts et les nouvelles générations y sont indifférentes. Le musée vivant de Fandango a été créé pour promouvoir des actions de sauvegarde du fandango en tant que part importante de leur patrimoine culturel. Cette initiative a été prise par une organisation non gouvernementale, l’Association culturelle Caburé. Environ 300 praticiens locaux – les fandangueiros – ont participé à la création d’un musée communautaire de plein air et d’un circuit de visites et d’échanges d’expériences, qui comprend des maisons de fandangueiros et de fabricants d’instruments musicaux, de centres culturels et de centres de recherche, et de lieux de vente d’artisanat local. Le musée organise des actions de sensibilisation, tels que des spectacles locaux et des ateliers avec des enseignants, la publication de livres et de CD, la création d’un site web et la mise à disposition de collections bibliographiques et audiovisuelles. Le modèle se fonde sur la coopération et peut être adapté à d’autres expressions culturelles et à des contextes régionaux similaires en prenant en compte leurs caractéristiques locales.


L’appel à projets du Programme national du patrimoine immatériel Chaque année, le programme national du patrimoine immatériel lance un appel national à projets pour encourager et soutenir des initiatives de sauvegarde et de pratiques proposées par la société brésilienne pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Les projets doivent impliquer la participation de la communauté et des groupes concernés, promouvoir l’inclusion sociale et l’amélioration des conditions de vie des producteurs et des détenteurs de ce patrimoine, et respecter les droits individuels et collectifs. La plupart des projets comprennent des activités tel qu’une cartographie, des inventaires et une recherche ethnographique ; la systématisation de l’information et la création d’une base de données et/ou sa mise en œuvre ; la production ou la préservation de la documentation et des archives ethnographiques; la promotion et la transmission des savoirs traditionnels aux nouvelles générations ; et le renforcement des capacités des communautés pour la recherche, la sauvegarde et l’éducation. Les projets peuvent être présentés par des institutions gouvernementales locales ou par des organisations privées à but non lucratif, mais ils doivent avoir l’accord préalable des communautés concernées. Le processus de sélection est organisé par le département du patrimoine immatériel de l’Institut national du patrimoine historique et artistique (IPHAN) à Brasilia, les projets étant évalués par un comité national d'experts. Chaque projet sélectionné reçoit approximativement R$100,000 (50.000 dollars des États-Unis) et est souvent réalisé dans les 12 mois. L'appel à projets vise à renforcer les processus de sauvegarde de la communauté et des institutions, et à créer des réseaux entre les différents acteurs institutionnels et sociaux. En tant que tel, le processus constitue un modèle de financement et d'encouragement des initiatives de la société civile pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.


Liste de sauvegarde d'urgence[modifier]

Le Brésil n'a pas de pratique inscrite sur la liste de sauvegarde d'urgence.

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