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Fièvre Zika | |
Information | |
Région(s) | Afrique, Amérique du Sud (sauf Chili), Asie et Océanie (sauf Australie et Nouvelle-Zélande) |
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Cause | Virus (Flavivirus) |
Vecteur | Femelle de moustique Ædes |
Contagiosité | non prouvé (rapports sexuels) |
CIM-10 | A92.8 |
CIM-9 | 066.3 |
Handicap : | Microcéphalie chez le fœtus, syndrome de Guillain-Barré |
Prophylaxie : | |
* vaccin | non |
* médication | non |
Thérapie : | non |
Localisation | |
Mise en garde médicale | |
La fièvre Zika est une maladie virale transmise par la piqûre d'un moustique femelle du genre Ædes.
Comprendre
Le premier virus du genre Zikavirus a été identifié en 1947 sur un Macaque rhésus (Macaca mulatta) utilisé comme sentinelle lors d'une étude de la fièvre jaune dans la petite forêt de Zika proche de la localité de Kisubi située entre Kampala et Entebbe en Ouganda. En 1948, le virus est isolé, toujours à Kisubi, chez une femelle d’Aedes africanus et la transmission par un moustique du genre Ædes est prouvée, en 1956, dans un laboratoire de Barcelone. Entre 1954 et 1981, des preuves d'infection humaine sont détectées en Afrique subsaharienne, sur le Sous-continent indien et en Asie du Sud-Est, cependant, il faut attendre 1964 pour la première réelle description d'un cas humain.
La première épidémie connue date d'avril 2007 et a touché les îles Yap dans l'Ouest des États fédérés de Micronésie. La deuxième a sévi pendant le dernier trimestre de 2013 en Polynésie française où l'on estime que un cinquième de la population fut touchée. L'épidémie actuelle, bien que déclarée en mai 2015 au Brésil, serait liée à l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014 durant laquelle le pays a reçu des touristes de toutes les parties du monde y compris des zones atteintes par des souches intenses du virus. Début janvier 2016, cette épidémie, considérée comme émergente, s'est propagée à toute l'Amérique du Sud (sauf au Chili), au Mexique et aux Caraïbes mais également au Cap-Vert, au Tonga et aux Maldives. Début février 2016, 33 pays étaient touchés avec des taux de cas déclarés par nombre d'habitants variables d'un pays à l'autre mais touchant plus particulièrement la Colombie.
Fin 2015, les médecins brésiliens mettent en évidence une corrélation entre l'action du virus et l'augmentation des cas de microcéphalies non congénitales avec la constatation, en date du , par l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) de 3 893 cas suspects et de 462 cas confirmés par la présence du virus dans les tissus cérébraux du fœtus ou du nourrisson. Le , le Cap-Vert enregistre son premier cas de microcéphalie.
Le nombre de cas de malade développant un syndrome de Guillain-Barré est également en nette progression. Début février 2016, la Colombie annonce que trois patients ayant contracté la fièvre Zika suivie d'un syndrome de Guillain-Barré sont décédés. Ils constituent ainsi les premiers décès jamais constatés en relation directe avec la présence du virus. Le 11 février, le Venezuela annonce aussi décès de trois personnes ayant eu des complications associées au Zikavirus.
Sans qu'il soit prouvé qu'il y ait capacité de transmission, des chercheurs brésiliens ont découvert le Zikavirus, sous forme active, dans la salive et les urines de patients. Plus étrange, deux voyageurs (un Américain et un Suisse) ayant contracté la fièvre Zika chacun lors d'un séjour dans une zone d'épidémie différente ont transmis le virus à leur compagne lors d'un rapport sexuel. Ce fait serait une première de la part d'un Flavivirus. Si la cause à l'effet devait être prouvée, cela signifierait que le virus aurait ainsi la possibilité d'infecter d'autres espèces d’Ædes pour qui il est inconnu, comme le moustique tigre (Aedes albopictus), eux-mêmes infectant alors les êtres humains.
Début mars 2016 en Colombie, premier cas de microcéphalies recensé et, en Guadeloupe, nouvelle découverte avec le cas d'une jeune patiente présentant une myélite transverse en phase d'état de son infection en raison de la présence du virus dans son liquide cérébro-spinal.
Si l'OMS déclare l'épidémie terminée au , elle a continué d'émettre, chaque mois jusqu'en mars 2018, des bulletins de l'évolution de la maladie pays par pays.
- Centre de crise – (en) Bulletins d'évolution de la maladie pays par pays émis par l'OMS
Localisation
L'ère de distribution du virus est identique à celle de son vecteur, c'est-à-dire de la plupart des moustiques du genre Ædes, soit, grosso-modo, entre le 40e parallèle nord et le tropique du Capricorne (sauf dans le Sahara) et, ce, jusqu'à une altitude d'environ 1 000 m.
Cependant, une étude menée à l'Institut pour la santé de l’environnement ((en) Environmental Health Institute) de Singapour a montré que le moustique tigre (Aedes albopictus), abondamment réparti dans le monde, y compris en Amérique du Nord et en Europe, est également capable de transmettre le Zikavirus.
Protection contre le vecteur
Éviter la fièvre Zika, c'est d'abord éviter les piqûres de moustiques en prenant quelques précautions. Les femelles de moustiques Ædes sont activent pendant la journée avec des pics de suractivité à l'aube et au crépuscule. Elles sont à la fois exophiles, c'est-à-dire qu'elles vivent à l'extérieur des habitations, et endophiles, c'est-dire qu'elles vivent à l'intérieur des habitations. Il est, par contre, peu courant qu'elles tentent de prendre leur repas sanguin sur un être en mouvement.
Quelques conseils de protection :
- portez des vêtements amples et longs et de couleur claire ;
- enduisez, dès le lever, les vêtements de perméthrine ou la peau d'un répulsif constitué d'une solution contenant 30 % de DEET pour les adultes ou 10 % du même produit pour les enfants entre 2 et 12 ans ;
- utilisez un insecticide à l'intérieur des habitations ;
- utilisez un ventilateur, même si la pièce est dotée d'un système de conditionnement d'air, puisque les moustiques sont sensibles aux déplacements d'air ;
- utilisez une moustiquaire dont le maillage est inférieur à 1,5 mm si vous prenez du repos durant la journée et, si possible, imprégnez le d'insecticide ce qui protégera les parties du corps qui viendraient en contact avec la moustiquaire. Avant chaque repos, assurez vous de vérifier que la moustiquaire est en parfait état.
Attention que si les femelles d’Ædes, propagatrices de la fièvre Zika, de la fièvre jaune, du chikungunya et de la dengue, sont activent entre l'aube et le crépuscule, les femelles d'autres espèces de moustiques, propagatrices d'autres maladies virales, comme l’encéphalite japonaise et l'o’nyong-nyong, ou de parasitoses comme la malaria, sont actives pendant la nuit. Les mêmes précautions restent donc souhaitables en période nocturne.
Protection contre le virus
Il n'existe, début 2016, aucune protection prophylactique ou thérapeutique contre le Zikavirus. Des recherches pour la création d'un vaccin ont commencé en 2015, entre autres aux États-Unis et à l'Université de Montpellier en France, mais les chercheurs estiment qu'il faudra entre 10 et 12 ans pour l’obtention d'un vaccin valable.
Les seules méthode de prévention générale sont soit la réduction des sites de ponte du vecteur en asséchant les fossés, en protégeant les réserves d'eau par une moustiquaire ou un couvercle, en éliminant de la nature tout objet pouvant récolter l'eau de pluie comme les vieilles casseroles ou les vieux pneus, soit de lâcher dans la nature des mâles rendus stériles grâce à une infection provoquée par une bactérie du genre Wolbachia où encore de lâcher des moustiques mâles génétiquement modifiés et incapables de se reproduire. C'est cette dernière méthode, maintenant controversée, qui fut utilisée en 2015 au Brésil du Nord-Est, c'est-à-dire là où l'épidémie de 2015 à démarré et où furent décelés les premiers cas de microcéphalie.
Une autre méthode de prévention générale est de poser des pièges à œufs facilement réalisables. Pour ce dernier, il suffit de remplir d'eau un récipient, d'y plonger, en oblique, une languette de bois qui permettra à la femelle moustique de se poser durant la ponte et de verser dans l'eau des granulés ou des tablettes de larvicide (type « CULINEX Tab plus », etc.) destinés a tuer les larves qui éclosent dans le piège.
Diagnostic
Il est très difficile de poser un diagnostic valable sans effectuer un test RT-PCR tant les symptômes sont similaires à ceux d'autres maladies virales comme la dengue ou le chikungunya, voire la rubéole, la rougeole ou même la grippe s'il n'y a pas d'éruption cutanée.
Symptômes
Les principaux symptômes apparaissent après une phase d'incubation qui dure de 3 à 12 jours. Il s'agit d'un état subfébrile continuel, de céphalées, de douleurs musculaires et articulaires (principalement aux chevilles et aux mains), d'une sensation de fatigue générale, de conjonctivite, d'un exanthème débutant sur le visage avant de s'étendre au reste du corps. Ces symptômes peuvent s'accompagner de désordres gastriques et de troubles neurologiques comme des vertiges ou des étourdissements.
Signes cliniques
L'anamnèse sera suivie d'un test ELISA permettant de détecter la présence d'anticorps du type immunoglobulines M (IgM) anti-Zika ou la présence d'antigènes viraux. Les IgM sont détectables 3 jours après le début de la phase d'invasion. Cependant, ce test peut présenter des réactions croisées avec la présence d'autres Flavivirus, notamment avec celui qui est responsable de la dengue, en particulier si le patient a déjà eu précédemment une infection à Flavivirus.
Le seul diagnostic de certitude sera basé sur un test RT-PCR, rendu possible depuis 2006 et le séquençage du génome de Zikavirus, qui permet de détecter la présence de l'enzyme virale propre à Zikavirus dans le sérum et les urines. Ce test peut se faire dans un délai pouvant aller jusqu'à 15 jours, pour les urines, après le début de la phase d'invasion.
- RT-PCR du Zikavirus – Déroulement d'un test RT-PCR effectué par le Laboratoire central de biologie clinique de l'Institut de médecine tropicale Prince-Léopold.
Thérapie
Il n'existe aucune thérapie pour combattre le Zikavirus. L'unique chose à faire est d'isoler le patient, sous une moustiquaire dans les zones à risque, pendant une semaine ; ceci afin qu'il ne soit pas repiquer par un moustique sain qui irait contaminé quelqu'un d'autre ou par un moustique déjà infecté qui lui inoculerait à nouveau le virus ou tout autre infection. Le patient sera hydraté régulièrement et, éventuellement, recevra des médicaments antalgiques et antipyrétiques à base de paracétamol pour lutter contre l'hyperthermie et calmer les douleurs tout en évitant l'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l'ibuprofène ou l'aspirine, qui risquent d'induire une hémorragie extériorisée commune chez les flavivirosés. Si l'exanthème est dérangeant pour le patient, de la diphénhydramine (comme la « Diphamine », le « R Calm® », etc.) pourra être appliquée localement sur les zones lésées.
Après une virémie allant de 2 à 5 jours, asymptomatique dans environ 80 % des cas, le patient ne gardera, hormis dans de rares cas, aucune séquelle.
Conséquences possibles
- Microcéphalie pour le fœtus apparaissant au stade de nourrisson.
- Syndrome de Guillain-Barré avec des cas deux fois plus élevés chez la femme que chez l'homme.
Remarques
- Un retour d'une zone à risque de fièvre Zika, de moins de 28 jours, vous exclut provisoirement du don de sang au Canada, en France et en Grande-Bretagne.
Informations complémentaires
- Centre des médias – La page consacrée à la fièvre Zika sur le site de l'OMS.
- Mise en garde relative au virus Zika – La page consacrée au virus Zika sur le site de l'Institut de médecine tropicale Prince-Léopold.